La ville de Cordoue, en Andalousie, conserve le souvenir d’Al-Andalus, la civilisation arabo-musulmane dans la péninsule ibérique, dont elle fut la capitale, connaissant son apogée autour de l’an 1000.
Cordoue domine le fleuve Guadalquivir (en arabe Oued el Kebir, le grand fleuve) qu’enjambe un pont construit pendant la période romaine. La ville fut conquise par les Arabes en 711. D’abord sujette du Calife Omeyyade de Damas, elle s’érigea en émirat en 756, puis en califat en 929 après la rupture avec le pouvoir Abbasside de Bagdad. Au onzième siècle, une guerre civile précipita son déclin. Elle fut conquise par le roi catholique de Castille en 1236.
Se promener dans les rues étroites de la Cordoue médiévale constitue un enchantement, particulièrement au printemps quand les patios rivalisent de fleurs. Mais ce qui coupe le souffle, c’est la mosquée-cathédrale. L’édifice, construit sur le site d’une basilique visigothe, frappe par ses dimensions : 180m de long sur 130m de large. Il comporte 850 colonnes, une véritable forêt de pierre qui frappe par son élégance.
Lors de la conquête de Cordoue par les rois catholiques, la mosquée fut transformée en église puis érigée en cathédrale. Son aspect actuel date pour l’essentiel du règne de Charles Quint : au centre de l’édifice, on supprima des colonnes pour construire une église de style baroque ; les fenêtres qui bordaient la mosquée furent obstruées par des chapelles.
Par chance, le mirhab, niche censée indiquer la direction de la Mecque (ce qui n’est pas le cas à Cordoue) est resté intact, bien qu’il porte la déclaration de foi musulmane. Ainsi coexistent dans la mosquée-cathédrale l’empreinte architecturale de deux religions qui se sont affrontées violemment dans la logique du « pousse-toi de là que je m’y mette », sans toutefois aller jusqu’à éradiquer ici les traces de l’ennemi.
À huit kilomètres à l’ouest de Cordoue, on visite les ruines de Medinat Al Zahra. Lorsque l’émir de Cordoue se déclara Calife, rompant ainsi avec Bagdad, il devint nécessaire de construire une nouvelle capitale, capable de rivaliser par sa splendeur avec elle. La région d’Andalousie a investi dans un musée qui évoque cette ville nouvelle, qui vécut moins d’un siècle, jusqu’en 1010, ruinée ensuite par une guerre civile.
Du musée, on rejoint le site archéologique par une navette de bus. Il ne reste presque plus rien de cette éphémère capitale. Il faut beaucoup d’imagination – ou un bon guide – pour se reporter au temps de sa splendeur, ou bien se contenter de flâner parmi les ruines dans un site qui domine la plaine du Guadalquivir et laisse entrevoir Cordoue dans la brume.