Charbel Tayah, lecteur de « transhumances » au Liban, m’a adressé son livre « un amour en alerte et autres nouvelles » (Dergham, Beyrouth 2011).
Le livre de Charbel Tayah s’ouvre sur une citation de Victor Hugo :
« Mets-toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange
Ce drap glacé qui fait des plis sur ton front d’ange,
Ouvre tes mains, et prends ce livre : il est à toi ».
La première nouvelle du recueil, « l’amour en alerte », raconte la rencontre d’un soir, la nuit d’amour et la séparation au petit matin de deux inconnus.
« A quoi penses-tu ? Lui dit-il s’un ton fort doux qui la garde terre-à terre.
Elle en demeure bègue. Puis, reprenant son souffle, elle avoue sans hésiter :
A nous deux ! Au chien errant qui continue à errer loin de notre regard ! Au champagne sablé pour le plaisir de notre rencontre ! Au gâteau viennois que tu as choisi pour moi, à ma place ! Aux appels téléphoniques auxquels tu n’as pas répondu et que tu as ignorés volontiers ! A mon studio en désordre et qui attend un moment plus propice pour qu’il soit mis en ordre ! Au secret de la rencontre, de toute rencontre ; à sa naissance comme à son évanescence probable ».
Le livre recèle d’autres histoires d’amour. Dans « les abysses taris ! », un homme et une femme blessés par la vie se rencontrent un soir près de la fontaine de Trevi à Rome. La fontaine est à sec comme leurs sentiments, jusqu’à ce que quelque chose coule entre eux, des larmes, la rosée du matin, l’espoir. Dans « il était une fois un chapeau », deux adolescents cachent leurs billets doux dans le Borsalino du professeur de physique qui enseigne dans le collège de garçons et le collège de filles.
« Grandiose, noble et énigmatique est l’aventure d’écrire », écrit Charbel Tayah. J’ai de l’admiration pour ceux qui s’y essaient.