Un Afghan à Paris

Dans « Un Afghan à Paris » (Les Éditions du Palais, 2021), Mahmud Nasimi raconte comment la découverte des grands écrivains français au Père-Lachaise a changé le cours de sa vie.

Mahmud Nasimi est né en Afghanistan en 1982. Il dut abandonner ses études et fuir son pays en 2013.

Ayyam Sureau, écrivaine fondatrice de l’association Pierre-Claver qui accueille à Paris des réfugiés principalement afghans, évoque le parcours de Mahmud Nasimi. « Comme tant d’autres, il est passé par l’Iran, la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Bulgarie, la Hongrie, l’Autriche, la Belgique. Il a séjourné dans le sinistre camp d’Amygdaleza, il a été enfermé dans des prison, caché sous les camions. Son corps a été affamé par les passeurs, lacéré par les barbelés, engourdi par le froid, éprouvé par les montagnes, brûlé par les déserts, balloté par les tempêtes de la Méditerranée, recroquevillée par la honte, battu par les brutes, humilié par les contrôles perpétuels. »

Parwan, la province natale de Mahmud Nasimi

Lorsqu’avec l’aide d’amis français, Nasimi écrit son livre en 2020, son exténuant parcours de réfugié se poursuit. « Aujourd’hui, après deux ans d’attente, toujours pas d’argent, pas de droit au travail, pas de logement, pas de papiers. »

C’est en français, et non dans sa langue maternelle, le dari, qu’il choisit d’écrire ce livre où il évoque son enfance, sa mère, un anniversaire à Paris et le grand amour de sa vie restée au pays. « En découvrant la littérature française, le jour où mes pas m’ont conduit au cimetière du Père-Lachaise, j’ai soulevé le voile qui me cachait la beauté du  monde. Depuis lors, j’ai toujours un livre à portée de main, comme un ami prêt à me chuchoter quelques mots rassurants, venu briser ma solitude. »

Curieusement, la langue française lui permet d’exprimer des sensations éprouvées autrefois à des milliers de kilomètres. Ainsi « le mot clapotement que j’ai appris en lisant Maupassant a invoqué le chant de la rivière qui a bercé mon enfance, il l’a fait remonter à la surface. »

Mahmud Nasimi

« Un Afghan à Paris » est écrit sur une crête. Sur un versant, une solitude accablante, la confrontation à une administration inhumaine, la nostalgie de la patrie perdue. De d’autre, une furieuse volonté de vivre, la bataille incessante pour découvrir et aimer ce Paris si étrange.

Le livre se clôt par l’évocation de Nelufar, une jeune fille à qui il fut promis en mariage en 2011. « Nelufar était d’une beauté mystérieuse. Elle avait le visage rond, de grands yeux marron foncé lui donnaient un regard à la fois perçant et énigmatique qui m’avait aussitôt fasciné. »

« Loin de toi, c’est la tristesse, la solitude,

La nuit sans étoiles et l’inquiétude.

Mon désir n’est peuplé que de toi,

Tu es ma reine et ma foi. »

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