France 4 a récemment diffusé « j’ai perdu mon corps », premier long métrage animé de Jérémy Clapin (2019) d’après le livre « Happy hand » de Guillaume Laurant qui a participé au scénario.
Naoufel a dû en rabattre sur ses rêves d’enfant. Enfant, il se rêvait à la fois astronaute et pianiste. Devenu jeune adulte, le voici devenu livreur de pizzas. Le décès brutal de ses parents dans un accident de voiture et l’hostilité de l’oncle qui l’héberge sont passés par là.
Il y a une chose que Naoufel n’a pas oubliée : sa passion pour les sons. Enfant, il ne se séparait pas de son magnétophone. Lorsqu’il arrive avec retard pour livrer à une jeune femme une pizza rendue inmanageable par la pluie et que celle-ci entame une longue conversation par l’interphone, il est subjugué.
La jeune femme s’appelle Gabrielle. Elle travaille dans une bibliothèque. Naoufel parvient à retrouver sa trace. Il parvient même à se faire recruter par l’oncle de Gabrielle, qui est menuisier afin de vivre près d’elle.
Tout ceci ne nous est révélé qu’au fil du récit. Le personnage central du film est la main de Naoufel. On apprendra qu’il l’a perdue dans un accident avec une scie électrique dans la menuiserie. La main s’échappe du laboratoire où elle était séquestrée. Animée d’une volonté propre, elle se lance à la recherche du corps dont elle a été coupée. Une scène terrifiante la monte entre les rails d’une ligne de métro parisien harcelée et attaquée par des rats
La main est à la recherche de son corps comme Naoufel et Gabrielle sont en manque l’un de l’autre, dans un décor urbain à la fois glacial et profondément beau. Le graphisme du film est d’une grande précision, les couleurs lui donnent un aspect onirique. La bande son de Dan Levy contribue à immerger le spectateur dans la poésie. C’est magnifique.