Gorges et Causses à bicyclette

Quatre jours de randonnée cycliste aux confins de l’Aveyron, de la Lozère et du Gard permettent, au long des 250km parcourus, de découvrir des paysages somptueux.

 En cette troisième semaine de septembre, le temps est idéal : ensoleillé, ni trop chaud ni trop froid, juste bien pour pédaler. Les routes sont peu chargées. De nombreux motards, circulant à deux comme les gendarmes ou en meutes, jouissent des virages négociés sur l’aile. Les camping-cars venus de l’Europe entière circulent parfois par convois de deux ou trois.

 La salle à manger d’hôtel où sont servis les petits-déjeuners évoque la maison de retraite, mais il faut reconnaître qu’avec nos soixante-treize ans passés, mon coéquipier et moi participons de la marée grise. Deux restaurants méritent le détour : La Terrasse, à Agen, où nous faisons étape à l’aller et au retour de notre voyage depuis Bordeaux ; et Le Parisien, à Les Vignes dans les gorges du Tarn. Dans les deux cas, un cadre plaisant, un personnel compétent et sympathique, une bonne cuisine.

Notre première étape nous mène de Millau à Saint-Chély, à quelques kilomètres de Sainte-Énimie dans les gorges du Tarn. Notre premier coup de cœur est pour l’église Saint Pierre, de style roman, en bord du Tarn en pleine campagne quelques kilomètres avant Le Rozier qui marque l’entrée dans les gorges. La route des gorges ne déçoit pas : d’immenses falaises sculptées par d’impressionnants volumes rocheux bordent la rivière. D’un kilomètre à l’autre, le paysage ne cesse de changer.

 Saint-Chély sur Tarn est un joli village construit en aplomb du Tarn. Je me baigne dans la rivière sous le pont qui l’enjambe. C’est un délice.

Seconde journée : nous remontons le Tarn jusque Florac, puis grimpons jusqu’au col de Perjuret (1031m) avant de descendre jusque notre étape, Meyrueis. De la route, le point de vue sur le village de Castelbouc, surmonté de son château, est impressionnant. Je me promène dans Meyrueis. Le temple protestant a été construit au milieu du dix-neuvième siècle pour une communauté d’environ 3 000 fidèles. Une chaire en noyer occupe la place réservée, dans une église catholique, à l’autel : primauté de la parole.

 Troisième journée : nous descendons à partir de Meyrueis la vallée de la Jonte, elle aussi bordée de massifs montagneux vertigineux. Nous visitons la Maison des Vautours, installée dans la zone où, dans les années 1980, ont été réinstallées des colonies de vautours. Ces oiseaux avaient été considérés comme des nuisibles et exterminés. Aujourd’hui, les éleveurs d’ovins sont invités à déposer le cadavre de leurs animaux morts dans des placettes afin que les vautours se chargent de l’équarrissage.

 Après Le Rosier et le beau village perché de Peyreleau, nous grimpons dans une forêt de conifères jusqu’à atteindre les plateaux du Causse noir. Un joli prieuré roman, Saint Jean de Balmes, se découvre non loin de la route qui mène à Lanuéjols.

Quatrième et dernière journée de notre périple : après avoir de nouveau logé à Meyrueis, nous grimpons dans la direction du Vigan et du Mont Aigoual. Par une route étroite, nous descendons vers Trêves au long d’un ruisseau. Le paysage est bucolique, charmant. Nous rencontrons le village minier de Villemagne, où dans les années 1930 fut extrait du minerai de plomb et de zinc. Les bâtiments furent ensuite utilisés par des chantiers de jeunesse, une colonie pénitentiaire pour jeunes délinquants et un camp d’accueil de harkis. Ils ont été ensuite transformés en résidences secondaires.

 Le village de Cantobre, juché sur un éperon rocheux, constitue une forteresse naturelle. Pas plus qu’à Trêves nous ne trouvons de restaurant ouvert : la saison touristique se limite ici à juillet et août. Nous nous restaurons à l’hôtel des Voyageurs de Nant, cinq kilomètres plus loin. Nous faisons la sieste dans l’herbe qui borde l’église romane de Cuin, près de Nant. Le bâtiment est beau, mais vide de tout mobilier. Le retour à Millau se fait par la vallée de la Dourbie, dans un panorama grandiose.

 Nous revenons à Bordeaux le regard rempli de merveilles, les poumons remplis d’air pur, l’esprit heureux.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *