« Reste un peu » est un film très personnel de Gad Elmaleh, dans lequel il évoque son rapport à la famille et la religion.
Enfant d’une famille juive sépharade de Casablanca, Gad n’avait pas le doit de pénétrer dans une église. La profusion des représentations par des statues et des vitraux constituait une manifestation criante d’idolâtrie.
Il s’est intéressé à la religion catholique en raison de la beauté de ses rituels et s’est épris de la figure de la Vierge Marie. Il est devenu catéchumène. Il est revenu des États-Unis à Paris pour se faire baptiser.
« Reste un peu ! » lui demandent ses parents Régine et David (dont le personnage est joué par ses parents eux-mêmes), alors qu’il a prévu de dormir à l’hôtel. « Reste ! » lui enjoignent-ils lorsqu’acculé il leur annonce son projet de conversion au catholicisme. « Reste fidèle à la religion dans laquelle tu as été élevé. Reste fidèle à ta mère, ne la remplace pas par la Mère de Dieu ! »
Mais peut-on quitter le judaïsme ? Si on le quitte, peut-on y revenir ? Gad consulte le professeur de Talmud Pierre-Henry Salfaty et la rabbine Delphine Horvilleur. Celle-ci lui explique que depuis 2 000 ans les Juifs sont toujours en chemin, toujours un peu « cassés », et qu’il n’y a pas d’enclos, pas d’entrée ni de sortie.
Dans une église, Gad rencontre Agnès, une catholique à la foi profonde qui s’incarne dans l’attention aux autres – la charité. Elle visite un vieillard misanthrope, Robert, joué par Guy Moign qui décèdera quelques mois après le tournage. En lui lavant les pieds, Gad touche à l’essence du christianisme et découvre qu’il s’agit d’une manière particulière de vivre le judaïsme.
Il y a de l’humour dans « Reste un peu », dans les sketchs que Gad donne pour quelques amis dans l’arrière-boutique d’un bistrot, ou bien lorsque le frère hôtelier d’un monastère trappiste lui explique les horaires variables des vigiles, des laudes et des vêpres. Mais cet humour n’est pas pesant. Le film est spirituel au double sens du terme.
Parler de religion est un exercice délicat, voire risqué comme le rappellent les attentats en représailles à la publication de caricatures de Mahomet. Gad Elmaleh s’en sort brillamment. La musique d’Ibrahim Maalouf contribue à la réussite de son film.