L’actuelle Financial Services Authority FSA) va être scindée en 2013 en deux structures. La Prudential Regulation Authority (PRA), filiale de la Banque d’Angleterre, s’occupera de contrôler que les institutions financières ont un bilan suffisamment solide pour résister aux chocs de la conjoncture ; la Financial Conduct Authority (FCA) se consacrera à la défense du consommateur de produits financiers, veillant à ce qu’il n’y ait pas de distorsion de concurrence et que les produits dangereux soient écartés du marché.
Le président désigné de la FCA, Martin Wheatley, a récemment présenté son programme d’action devant un parterre d’assureurs. En bon Britannique, il a commencé son exposé par une plaisanterie, une « opening joke ». Avant de prendre ses nouvelles responsabilités à la City il y a quelques mois, il avait présidé la Securities and Futures Commission à Hong Kong. La faillite d’institutions financières avait ruiné des milliers d’épargnants. Soumis pendant des heures à l’investigation de commissions d’enquête, il entendait depuis les tribunes des interjections que ses collaborateurs ne voulaient pas lui traduire. Son effigie fut brûlée devant son bureau au son de musiques funèbres chinoises. Des panneaux lui disaient « go home ! ». Maintenant qu’il est de retour au « sweet home », quelle est la situation ? « Tougher ! », plus dure, dit-il ! Les défis qui se posent à la City, actuellement occupée par les anticapitalistes, dépassent de loin en intensité ceux qu’il a du affronter en Chine.
L’éclatement de la FSA, construite par les Travaillistes et visiblement inopérante avant et pendant la crise financière de 2008, a été organisé par les Conservateurs, qui semblent aussi impuissants face à la crise qui se développe sous nos yeux. Interrogé sur le cœur de la réforme et sur son programme, Wheatley dit que c’est un changement de culture qui est attendu du régulateur. Il illustre cela par un exemple. Préoccupés par le poids des engagements dans le bilan des banques de Hong Kong, le régulateur leur avait demandé de développer leurs « fees », c’est-à-dire les activités leur apportant une rémunération sans risque pour leur bilan. Les banques firent scrupuleusement ce qu’on leur demandait de faire, et multiplièrent les offres de produits financiers hors bilan, aux rendements financiers mirobolants pour les clients, mais construits sur du vent. Le régulateur voulait protéger les déposants ; son action eut pour effet de ruiner les épargnants.
Il faut, dit Wheatley, que les personnes qui travaillent dans les instances de régulation, cessent de cocher des cases. Ils doivent avoir la curiosité de s’intéresser à ce qui peut aller mal, non pas seulement au centre du tableau, mais à sa périphérie.
Photo « transhumances » : la City vue de la rive droite de la Tamise.