« L’immensità », film d’Emanuele Crialese, plonge le spectateur dans l’Italie des années 1970, corsetée par le patriarcat.
Le couple formé par Clara (Penelópe Cruz) et Felice (Vicenzo Amato) ne fonctionne pas. Felice – dont la ressemblance avec Jaïr Bolsonaro est frappante – est un mari volage qui, chez lui, traite sa femme comme une domestique et une esclave sexuelle et exige de ses enfants qu’ils se taisent à table.
La personnalité de Clara ne se conforme pas à cet idéal de soumission. Elle adore chanter et danser, transforme volontiers la salle à manger en scène de chorégraphie, se livre sans complexe à des jeux d’enfants.
Pour compliquer l’existence de Felice, leur aînée, Adriana (Luana Giuliani), n’accepte pas sa condition de fille ni même d’humain. Elle se vit comme enfant d’extraterrestres, dont elle cherche à percevoir les messages parmi les antennes du toit de leur immeuble romain. Elle se vit comme garçon, flirte avec Sara, une fille qui vit dans des barraques de chantier, de l’autre côté d’un bois de bambous qui les sépare de son immeuble.
Les vies rêvées de Clara et Adri ne peuvent que rester oniriques. Clara ne peut divorcer, elle est condamnée à subir les coups et le mépris de son mari. Le chantier est achevé, et Sara disparaît à jamais de la vie d’Adri/Andrea.
« L’immensità » est un film d’une esthétique soignée et d’une grande beauté poétique. Le jeu des acteurs est magnifique. Mais il ne laisse aucun espoir : les personnages sont momifiés dans leur rôle au sein de la famille et de la société. J’ai trouvé ce film d’une grande tristesse, alors que « Vivre », qui raconte les dernières semaines d’un vieil homme se sachant condamné, décrit un chemin de rédemption.