Dans « Les choses simples », le réalisateur Éric Besnard met aux prises deux hommes que tout semble opposer, un homme d’affaires pressé et un autre qui a choisi de vivre au rythme de la montagne.
Vincent (Lambert Wilson) est un homme d’affaires affamé – et couronné – de succès. Il a lancé un réseau social qui croît à toute vitesse, produit un catamaran qui surfe sur les océans, achète à tour de bras des entreprises dans le monde entier. Lorsqu’il tombe en panne sur une route de montagne et qu’un motard secourable l’accueille dans son chalet sans électricité ni connexion internet, c’est pour lui une catastrophe.
Vincent est au bord du burn-out. L’homme qui, en maugréant, lui fait une place dans une cabane sommaire éclairée à la lampe à huile se nomme Pierre (Grégory Gadebois). On semble entrer dans l’histoire classique du citadin speedé qui se ressource auprès d’un paysan mal dégrossi.
Sauf que ce n’est pas si simple. Pierre vit dans un site isolé et magnifique de montagne, mais il n’est pas n’importe qui. C’est un savant convoité par des universités étrangères, un spécialiste reconnu de la biologie marine et en particulier du plancton. Si Vincent est venu en montagne, c’est pour le débaucher et obtenir qu’il travaille pour lui.
Pierre résiste, Vincent met le pied dans la porte, s’impose y compris lorsque la cible de son recrutement va dîner chez Camille (Marie Gillain), la veuve de son frère disparu dans un accident. Vincent dispose désormais d’un levier : il se propose comme coach en séduction. La scène dans laquelle Pierre, suivant les leçons de Vincent, fait la cour à Camille dans une danse sensuelle est un bon moment du film.
Tout au long du film, Pierre a cherché à décourager Vincent, à l’obliger à retourner dans sa vie cosmopolite. Lorsque deux acolytes viennent ramener leur patron en ville, l’encadrant comme deux policiers sur la banquette arrière d’une berline, il leur coupe la route avec sa moto.
Les spectateurs ont aimé ce film, qui a obtenu le score de 3,9/5 sur Allociné. Les critiques l’ont détesté : 2,7/5. « Affligeant », écrit Télérama. On comprend pourquoi : le film flirte avec des poncifs éculés, le rat des villes et le rat des champs. L’intrigue est parsemée d’invraisemblances. L’issue heureuse est prévisible, cousue de fil blanc.
Je me suis laissé porter par ce film, émerveiller par les images, attendrir par les personnages. J’ai souvent ri, j’ai été ému. J’ai aimé la bande sonore tonique de Christophe Julien. Je serais probablement un mauvais critique cinématographique parisien. Je revendique mon statut de spectateur lambda.