Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, j’admire le courage de séniors qui se lancent à la découverte de pays étrangers ; je m’étonne du vertige ressenti quand soudain l’agenda se vide ; j’ai été surpris par la violence de la tourmente financière et de sa cause principale, des emprunts réputés sans risque.
Curiosité
Participer à la fin de l’hiver à un voyage organisé, c’est se retrouver à coup sûr inclus dans ce que Martin Amis appelle « la marée blanche », la cohorte des séniors autrefois appelés vieillards. Pour certains membres du groupe, la descente de l’autocar et le franchissement de quelques marches relèvent de l’exploit.
Pourtant, la curiosité les pousse à aller de l’avant. Ils veulent s’exposer à des saveurs, des coutumes, des paysages étrangers. Pour cela, ils sont prêts à endurer les affres de l’arthrose.
Leur curiosité, leur obstination à ne pas baisser les bras, m’étonnent et me laissent admiratif.
Temps vide
Au terme d’une semaine d’itinérance à Chypre du nord, l’agence de voyage nous a promis une semaine de rêve dans un hôtel cinq étoiles au bord de la mer. Le temps est pluvieux et l’hôtel est un complexe gigantesque totalement isolé.
Nous nous étions habitués à un mouvement structuré par des horaires : départ du car à telle heure pour tel site touristique. Nous nous trouvons soudain face à un temps vide, à sept journées, cent soixante huit heures béantes, sans contenu.
Il y a longtemps que je n’ai éprouvé ce vertige. Il m’étonne.
Tourmente financière
En l’espace de quelques jours, quatre banques américaines se sont trouvées en faillite : Silvergate Bank, spécialisée dans les cryptomonnaies, Silicon Valley Bank, banque des start-ups, Signature Bank et First Republic. Quelques jours plus tard, le Crédit Suisse était racheté en catastrophe par l’Union de Banques Suisses.
Je ne devrais pas m’étonner de cette tourmente financière : j’étais aux premières loges en 2007-2008, aux commandes de la succursale londonienne d’un assureur qui couvrait le risque de faillites d’entreprises. Mais sa violence m’a surpris. Les autorités monétaires semblent avoir tiré les leçons de la crise d’il y a 15 ans : elles ont annoncé que tous les dépôts seront remboursés (normalement, le montant garanti est de 250 000$). La Federal Reserve a mis à disposition 25 milliards de dollars.
Ce qui peut étonner, c’est le mécanisme qui a conduit aux faillites de ces banques. Elles avaient placé leurs liquidités en emprunts d’État, placement réputé sans risque. Il est sans risque en effet, si on demande leur remboursement à l’échéance. On est alors remboursé à la valeur nominale de l’emprunt, celle à laquelle on l’a acheté. Mais si on est contraint de le vendre sur le marché avant terme, la valeur dépend des taux d’intérêt. Si ceux-ci sont à la hausse, comme c’est le cas actuellement pour lutter contre l’inflation, les acheteurs demandent un taux de rémunération égal à celui des emprunts en cours d’émission. Pour en avoir pour leur argent, ils achèteront les emprunts anciens à un prix inférieur à leur valeur d’émission. C’est ainsi que certaines banques se sont retrouvées avec des milliards de dollars de moins-value, et donc de pertes les condamnant à la faillite.