Dans le cadre de l’émission Infrarouge de Marie Drucker, France 2 a récemment diffusé un documentaire de Cécile Tartakovsky sur le centre scolaire de la maison d’arrêt de Nanterre.
Pendant un an, la réalisatrice a suivi quatre détenus qui, guidés par des enseignants de l’Éducation Nationale, poursuivent des études en prison. Ousmane, 18 ans, cherche à obtenir son bac professionnel. Maximinno est en brevet d’optique. Arnaud, 30 ans, prépare le diplôme d’accès aux études universitaires, DAEU. Enfin, Christophe, titulaire d’une licence en droit, participe à un cours de littérature afin de s’échapper, par l’écriture, à la pesanteur de la prison.
L’équipe d’enseignants est dirigée par Sylvie Paré. Celle-ci explique l’objectif poursuivi : gagner la confiance des « élèves », leur donner confiance en eux-mêmes et en leur capacité à rebondir dans la vie. Ils ont eu une expérience catastrophique de l’école, marquée par l’échec et la stigmatisation. Souvent, explique Sylvie Paré, des jeunes « pas très scolaires » sont doués : l’enjeu est de leur donner l’envie d’apprendre et les moyens de dépasser le traumatisme scolaire pour accéder aux savoirs.
Au sein de la prison de Nanterre, un quartier-mineurs enferme des jeunes de moins de 18 ans. L’enseignement y est obligatoire, ce qui créé une situation bien différente de celle des autres quartiers, dont les détenus adultes sont volontaires pour l’enseignement et ont patienté dans des listes d’attente. C’est au quartier-mineurs que peuvent éclater des incidents. Sylvie Paré raconte qu’une fois elle y a craint pour sa sécurité. Dans le reportage, on voit un enseignant recadrer un élève parce que, devant le refus de la professeure de mathématiques d’ouvrir la fenêtre, il s’est mis torse nu. Celui-ci ne voit pas le mal : il avait chaud, son corps est beau, on se met bien torse nu à la plage !
Sylvie Paré était invitée au débat qui a suivi la projection du documentaire aux côtés du directeur de l’administration pénitentiaire, Laurent Ridel. Interrogée sur la principale difficulté qu’elle rencontre, elle a cité les absences ou retards fréquents des élèves, que les surveillants ne parviennent pas à conduire jusqu’à la salle de classe. Laurent Ridel a mentionné le surencombrement de la maison d’arrêt, qui rend le travail des surveillants difficile. « La prison est tout au bout du champ pénal et du champ social. Elle ne peut refuser du monde. » Il a toutefois mentionné que 5 000 détenus obtiennent chaque année un diplôme.
Il n’est jamais trop tard pour apprendre. Pour certains détenus, la prison peut constituer une opportunité. Les quelque 800 enseignants qui exercent en prison y contribuent .