Dialogue avec mon jardinier

 La chaîne C8 a récemment diffusé « dialogue avec mon jardinier », film de Jean Becker (2007), avec Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin dans les rôles principaux.

 Un peintre en panne d’inspiration et en pleine crise conjugale (Daniel Auteuil) s’installe à la campagne dans la maison de ses parents, récemment décédés. Il a besoin d’un jardinier. Celui qui se présente (Jean-Pierre Darroussin) n’est pas un inconnu. Enfants, ils ont fait ensemble les quatre cents coups.

 Ils s’appelleront « Dujardin » et « Dupinceau ». Le second était fils de pharmaciens, il n’a jamais connu la faim ni les privations. Il vit pour l’art, pour la création. Le jardinier était fils d’ouvrier, il a fait une carrière de cheminot dans l’entretien des voies ferrées. La femme qu’il a épousée (Hiam Abbass) faisait le ménage la nuit dans les wagons de voyageurs. Ils n’ont que deux moments de loisirs, ritualisés : un voyage organisé de trois jours à Royan et quinze jours à l’hôtel à Nice.

Les deux hommes ne peuvent être plus différents. Une forte amitié naît entre eux. Dupinceau souffre de l’éloignement de sa femme Hélène (Fanny Cottençon) et de son impossibilité de communiquer avec la fille Carole (Élodie Navarre). Dujardin quant a lui pâtit de douleurs abdominales de plus en plus insupportables et il lui arrive de perdre connaissance. Il se sait condamné : lors d’une ultime partie de pêche, il regarde la carpe qu’ils s’efforcent d’attraper comme la mort, issue des profondeurs et destinée à y retourner.

 Jean Becker décrit l’apprivoisement des deux hommes par petites touches, petit à petit, avec pudeur. C’est beau, fin, délicat.

 Lorsque Dujardin meurt, Dupinceau trouve sous sa palette un trésor laissé par son ami : tous les objets auxquels il était attaché, la Promenade des Anglais, une courgette, une mobylette et le casque rouges, et le kit de survie, un peu de ficelle et un couteau.

Une réflexion sur « Dialogue avec mon jardinier »

  1. La différence est synchronique : l’un est fils de pharmacien, l’autre fils d’ouvrier ; l’un est marié, l’autre est séparé
    Le changement est diachronique : l’un meurt, l’autre (re)vit ; l’un n’est plus là, l’autre trouve le trésor de son ami
    Le changement ne se produit pas en même temps pour tout le monde.

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