Le bleu du caftan

Dans « le bleu du caftan », la réalisatrice Maryam Touzani parle de l’amour d’un artisan tailleur pour son métier, d’une homosexualité bridée et réprimée par les préjugés sociaux, d’une mort annoncée et d’un deuil douloureux.

 Halim (Saleh Bakri) est considéré comme un « maalem », un maître dans son art, la confection de vêtements de satin finement brodés, en particulier des caftans portés par les femmes de la bourgeoisie marocaine. Il a hérité de son père une boutique au cœur de la Médina. Il est amoureux des tissus et passionné par son métier, qu’il exerce avec tant de souci de la perfection que les commandes sont en retard et que l’argent tarde à rentrer.

Mina (Lubna Azabal), son épouse, tient les cordons de la bourse et arrondit les angles avec les clients mécontents. Halim et Mina se complètent professionnellement. Ils s’aiment d’un amour profond, mais pas charnel. Halim est homosexuel. C’est au hammam qu’il rencontre des partenaires pour une rencontre sexuelle fugace.

Deux événements viennent interrompre la monotonie du quotidien. Mina est atteinte d’un cancer. Elle s’est battue, mais son état de santé se dégrade rapidement. Il est temps de la laisser partir, dit le médecin. Dans la boutique, Halim a recruté un apprenti, Youssef (Ayoub Missioui). La relation maître – disciple se charge peu à peu de l’ambigüité du désir partagé.

Mina vit mal l’intrusion de Youssef dans la vie de Halim, et donc dans la sienne. Elle voudrait son mari tout à elle. Mais elle découvre peu à peu, dit la réalisatrice, que Youssef est un homme bon, « à la hauteur d’Halim (…) Mina réalise que ce serait beau que ces deux hommes soient ensemble, elle comprend ça au fur et à mesure, comme nous spectateurs. »

« Le bleu du caftan » est un film tout en intimité et en délicatesse. La photographie des tissus et des intérieurs tout en ombre et lumière fait penser aux toiles de Vermeer. « J’adore peindre, dit Maryam Touzani, et composer une séquence est un peu comme composer un tableau, il faut réfléchir à l’équilibre des couleurs, des textures. »

Les trois acteurs donnent une interprétation d’une vérité bouleversante.

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