Le théâtre parisien de la Scala présente actuellement « La campagne », pièce du dramaturge anglais Martin Crimp, mise en scène par Sylvain Maurice, avec Isabelle Carré, Manon Clavel et Yannick Choirat.
Richard et sa femme Corinne ont quitté Londres, sa pollution et son stress pour vivre à la campagne avec leurs enfants. Ils habitent une grande maison en pleine nature. Ils sont en apparence heureux. Richard est médecin, affairé à la visite de ses patients. Corinne s’occupe des enfants et décore la maison. On connait au couple deux amis, Sophie qui aide à la garde des enfants et Maurice, un collègue médecin de Richard.
Dans le premier acte, Richard fait face aux questions et aux doutes de Corinne. Qui est la jeune femme qu’il a, dit-il, ramassé dans un fossé, ramenée à la maison et installée dans la chambre voisine de celle des enfants ? Avait-elle un sac qui permettrait peut-être de l’identifier ? L’angoisse s’installe dans le cœur de Corinne : cette Rébecca ne serait-elle pas l’amante de son mari ? Pourquoi ces seringues dans son sac, finalement retrouvé ? Maurice ne serait-il pas complice d’une faute professionnelle de Richard, dont un patient âgé serait mort faute de soins ?
Richard fait front en biaisant ou en imposant le silence en hurlant. Corinne apparait comme une femme sous emprise.
Dans l’acte deux, Corinne est en présence de Rébecca. Oui, elle est la maîtresse de Richard, et c’est même pour la retrouver qu’il a voulu s’installer ici, à la campagne. Non, il n’a pas décroché de la drogue.
Rébecca a disparu dans l’acte trois. Corinne et Richard se trouvent seuls et c’est comme si la sérénité était retrouvée. Mais Corinne raconte un rêve qui la hante, et dont des éléments sont empruntés au récit que lui a fait Rébecca. Elle marche sur une route, qui devient un chemin, puis un pré herbeux sans repères. Un cul de sac, une approche de la mort. Un critique parle de la pièce de Martin Crimp comme d’une « comédie de la menace ».
« La campagne » est une pièce troublante, bien servie par des comédiens remarquables, avec une mention spéciale pour Mann Clavel que je ne connaissais pas.