La compagnie Ola a récemment présenté à Bordeaux un point d’étape du projet « Cabane », un processus de création artistique qui associe écriture et images, entamé en mars 2022 et qui verra le jour en l’automne 2025.
La première étape du projet a eu pour cadre un atelier d’écriture à la maison d’arrêt de Gradignan. Un travail avec des élèves surveillants est ensuite prévu à l’école nationale d’administration pénitentiaire d’Agen, puis dans d’autres établissements pénitentiaires.
Pour ce point d’étape, une trentaine de personnes sont installées dans une salle, par terre ou sur des tabourets. Quelques photos de détenus, visage occulté, sont fixées aux murs. C’est une bande sonore qui se donne à écouter.
On suit le parcours de l’animatrice du monde libre à la « cabane », celui de la contention. On franchit cinq portes, chacune ne s’ouvrant que lorsque la précédente est close. Le carrelage, dit-on, est identique à celui de l’HLM de la mère de l’animatrice : continuité des quartiers et de la prison. On est saisi par le vacarme, bruits de grilles qu’on ferme et de portes qu’on tambourine. « Dommage que les oreilles n’aient pas de paupières », entend-on.
La bande sonore inclut des lettres de personnes détenues à leurs proches, témoignages d’amour, de chagrin d’être séparés, d’espoir de se réunir un jour. Un détenu écrit une lettre au temps, le temps qui file entre les doigts et ne laisse que des regrets, le temps qu’on aimerait bien habiter de nouveau.
L’animatrice raconte qu’enfant, elle enfermait des vers à soie dans des boîtes en carton et les nourrissait de feuilles de mûrier. Les vers construisaient une chrysalide, se muaient en papillons et finissaient par s’envoler. Une belle métaphore de la « cabane ».
La compagnie Ola ne sait pas encore quelle forme prendra le résultat final de son travail au terme de trois années au contact de détenus et de surveillants. La première étape est prometteuse.