Dans « En bande organisée, Mitterrand, le pacte secret » (Albin Michel 2023), Sébastien Le Fol raconte combien une bande d’amis constituée dans les années 1930, Mitterrand, de Bénouville, Bettencourt et Dalle, a joué un rôle majeur dans la politique française dans les années 1980 et 1990.
François Mitterrand s’est lié d’amitié avec Pierre de Bénouville au Collège Saint-Paul d’Angoulême. Il a rencontré André Bettencourt et François Dalle, à partir de l’automne 1934, au foyer d’étudiants du 104 rue de Vaugirard dirigé par les Pères Maristes (faussement nommés par l’auteur Frères Maristes).
Le groupe L’Oréal, fondé par Eugène Schueller, est en quelque sorte le fil rouge de leur histoire. Bettencourt a épousé Liliane, fille d’Eugène. Dalle a dirigé le groupe après la mort du fondateur. Après la guerre, Mitterrand fut employé comme rédacteur en chef d’une revue possédée par L’Oréal. Bettencourt amena à l’Élysée des valises de billets pour financer une campagne électorale. Le groupe employa un ancien responsable cagoulard, proche de Mitterrand.
En 1994, Pierre Péan avait révélé dans « une jeunesse française » le soutien du jeune Mitterrand à la révolution nationale du Maréchal Pétain, couronné par sa décoration de la francisque des mains du Maréchal lui-même. Les quatre membres de la « bande » ont été de droite, pour ne pas dire de droite extrême. André Bettencourt écrivit pendant la guerre des textes en appui de la révolution nationale : « Les jeunes doivent être, dans chaque village, les agents du Maréchal, je dirai volontiers la police de la révolution. » Certains de ces textes, qu’il regrettera plus tard, étaient antisémites : « les Juifs s’imaginaient avoir gagné la partie. Ils avaient réussi à mettre la main sur Jésus et à le crucifier. »
François Mitterrand a toujours nié ce parcours qui l’avait entraîné de la droite extrême à l’union de la gauche. Il aurait pu plaider le « mal embarqué, bien arrivé ». Mais, note Sébastien Le Fol, le regard porté sur les années de guerre jusqu’au film « le chagrin et la pitié » (1971) était emprunt de manichéisme. Il y avait eu deux France, la capitulatrice et la résistante.
Or, Mitterrand et ses amis, en particulier le général de Bénouville, étaient des « vichysto-résistants » : attachés à la personne du Maréchal, mais patriotes et antiallemands. « L’année 1943, dans la vie de François Mitterrand, a quelque chose de fascinant, écrit Le Fol. Son ambiguïté y apparaît dans sa forme la plus aboutie. Mitterrand est un personnage de Vichy. Mais il se rend compte que l’Allemagne a déjà perdu la guerre et il passe, insensiblement, à la résistance en se servant de ses fonctions au service de l’État français comme d’un alibi.
Grâce à Monique Legrand, la compagne de Pierre de Bénouville, Sébastien Le Fol a approché la personnalité de cet homme complexe, confident et occasionnellement homme de main de Marcel Dassault. Il parle de lui comme d’un homme « aimant le péché parce qu’il aime la grâce, approchant Dieu par la voie tortueuse du mal qui aboutit à la rédemption. » Il a été le compagnon de François Mitterrand au collège Saint Paul. « Il veut aider François à mourir dans la foi de sen enfance. » Il appelle le prêtre pour lui administrer l’extrême-onction. Il le veillera toute la nuit, tête contre tête.
Merci pour ce partage très intéressant. Mais effectivement quelle est la réponse à la question » comment Mitterrand est passé de l’extrême droite vichyssiste à l’extrême gauche, et à partir de quand.
Mais savoir que ses proches étaient les bettencourt et Pierre de benouville…