« Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve », écrit par Serge Gainsbourg pour Jane Birkin en 1983, peu après leur rupture, est l’une de ses plus belles chansons.
La personnalité de Jane Birkin, récemment décédée, m’a accompagné pendant des décennies. Dans Le Monde, Véronique Montaigne lui a consacré un beau portrait, « son mélange de séduction et d’intelligence, sa facilité à étaler ses sentiments sous des dehors pudiques ».
C’est le courage qui me semble le trait qui la définit le mieux. Courage de vivre avec Gainsbourg, malgré l’alcool, les provocations et la défonce. Courage de se mettre à nu. Courage de ses engagements aux côtés d’Amnesty International pour dénoncer, écrit l’organisation, « les atrocités et violations des droits humains, que ce soit en Tchétchénie, en Birmanie, au Tibet et dans tant d’autres pays ». Courage face à la maladie, courage d’affronter le regard des autres lors de la cérémonie des Césars en février dernier, lorsqu’elle y apparut boursouflée aux côtés de la fille Charlotte.
Quelques vers :
Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Que le ciel azuré ne vire au mauve
Penser ou passer à autre chose
Vaudrait mieux
Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve.
Se dire qu’il y a over the rainbow
Toujours plus haut le soleil above
Radieux
Croire aux cieux, croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre cœur est mis à sang et à feu
Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Comme une petite souris dans un coin d’alcôve
Apercevoir le bout de sa queue rose
Ses yeux fiévreux.