Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, mes étonnements concernent tous la prison : une miche de pain picorée par un pigeon, la télévision et le tabac considérés comme des biens de première nécessité, l’indécence de se réjouir de la condamnation à la prison ferme de jeunes émeutiers.
Miche de pain
La terrasse sous la fenêtre du parloir où es visiteurs reçoivent des personnes détenues est encombrée de détritus jetés des fenêtres : cartons, peaux de banane, bouteilles en plastique, déchets variés.
Dans cet environnement crasseux, un pigeon picore goulument une miche de pain. Déjection de l’enfermement, nourriture pour s’envoler librement.
Première nécessité
Ivre de colère, il détruit d’un violent coup de poing l’écran de la télévision. Deux heures plus tard, l’appareil a été changé. Nous sommes dans une cellule de maison d’arrêt. La télévision est considérée comme un bien de première nécessité. L’interrompre plusieurs heures compromettrait la paix sociale.
Les biens « cantinés » dans le même établissement, c’est-à-dire achetés par les détenus à la centrale d’achat, sont livrés deux semaines après la commande. Pour le tabac, c’est une semaine seulement, et il y a deux jours de livraison. Autre produit de première nécessité.
Prison ferme
Le ministre de la Justice s’est réjoui des 742 condamnations à la prison ferme de participants aux émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nael le 27 juin dernier. Peut-on se réjouir que notre société génère des jeunes sans repères, avec la haine au ventre, prêts à suivre n’importe quel leader dans n’importe quelle aventure ?
Peut-on se réjouir d’envoyer des jeunes gens dans un univers marqué par le surpeuplement et l’oisiveté, dont il est probable qu’ils ne sortent pas meilleurs ?
L’Observatoire International des prisons parle de la prise de position du ministre comme d’une indécence. Il est difficile de lui donner tort.