Arte TV a récemment diffusé « La dernière marche » (Dead man walking), film réalisé par Tim Robbins en 1995 avec Susan Sarandon et Sean Penn dans les rôles principaux.
« Dead man walking » (l’homme mort qui marche) est le nom que les surveillants de prison donnent aux détenus qu’ils emmènent dans la salle où ils seront exécutés. Matthew Poncelet (Sean Penn) a été condamné à mort pour un crime atroce qu’il a commis six ans plus tôt avec un complice. Il est détenu dans un pénitencier de Louisiane.
Il a engagé une correspondance avec Helen Prejean (Susan Sarandon), une religieuse engagée dans le travail social dans une banlieue défavorisée habitée principalement par des noirs. Le compte à rebours a commencé. Pour échapper à la mort, il faut d’urgence trouver un avocat, rédiger une demande de grâce. Helen convainc l’avocat Hilton Barber (Robert Prosky) de jouer ce rôle bénévolement.
Helen se dépense sans compter. Elle convainc la mère de Matthew de témoigner à l’audience de recours en grâce. Elle rencontre les parents des victimes, qui lui reprochent de prendre parti pour le bourreau et contre les victimes et réclament l’application de l’œil pour œil, dent pour dent : ils croient trouver l’apaisement quand le meurtrier de leur enfant sera lui-même tué.
Les pourvois n’aboutissent pas. Poncelet sera tué par injection létale dans quelques jours. Il demande à Helen d’être son conseiller spirituel, ce qui lui impose de rester à ses côtés jusqu’à son supplice. Une phrase de l’Évangile s’impose à elle : « la vérité vous rendra libre ». C’est une relation amoureuse d’autant plus intense qu’elle est empêchée par les grilles qui se noue entre Matthew et Helen. Et aussi un bras de fer.
Helen supplie Matthew de reconnaître sa responsabilité dans ce qui s’est passé lors du meurtre. Il s’est construit une carapace de déni, il s’est retranché dans le déni, la violence verbale, le racisme. Face au visage d’amour que lui propose Helen, pourra-t-il se réconcilier avec lui-même et la société ? Pourra-t-il même demander pardon ? Les parents des victimes emprunteront-ils ce chemin de paix ?
Dead man walking constitue un plaidoyer contre la peine de mort. « Le sang d’un condamné à mort, c’est du sang d’homme, c’en est encore, c’en est encore » chantait Julien Clerc dans « l’assassin assassiné ». L’impitoyable rituel de la mise à mort dans un pénitencier américain la rend, dans sa précision glaciale, plus impitoyable encore. Tim Robbins parvient à l’éclairer d’un rayon brûlant d’humanité.