Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps

Arte TV a récemment diffusé un documentaire de Mosco Boucault et Rémi Lainé intitulé « tant qu’ils ne retrouvent pas le corps », consacré à l’affaire Le Roux – Agnelet. Le film est inspiré du livre « La Déposition » d Pascale Robert-Diart.

 Le 27 octobre 1977, disparut Agnès Le Roux sans donner de nouvelles. Son amant, l’avocat Maurice Agnelet, fut suspecté de l’avoir assassinée. Il avait transféré sur son compte la somme reçue par Agnès pour la vente de ses actions dans le casino niçois de ses parents.

 Il fallut l’obstination de la mère d’Agnès pour obtenir, trente ans plus tard, que Maurice Agnelet soit condamné par la Cour d’Assise d’Aix à 20 ans de prison, en appel après un premier procès à Nice qui l’avait innocenté. Anne Le Roux avait en effet prouvé que l’alibi fourni par une autre amante était mensonger.

Agnès Le Roux

Maurice Agnelet saisit la Cour Européenne de Justice qui condamna la France pour procès inéquitable, le corps de la victime n’ayant jamais été retrouvé. Il fut jugé une troisième fois à Rennes en 2014 et condamné de nouveau. Il mourut en 2012, ayant bénéficié d’une grâce médicale, chez l’un de ses fils en Nouvelle-Calédonie.

 Ce documentaire est remarquable à plus d’un titre : par la précision des informations qu’il délivre, par le suspens qu’il sait entretenir au fil des trois épisodes et par l’évocation récurrente, par des films et des photos, d’Agnès Le Roux, la protagoniste absente qui prend ainsi corps dans l’histoire racontée.

 J’ai été spécialement touché par le personnage de Guillaume Agnelet, le fils aîné de Maurice. Dans le second épisode, intitulé « père et fils », il a une relation fusionnelle avec lui. Pendant des heures, ils répètent ensemble ce que dira l’accusé au procès, ses réponses aux objections prévisibles. Au procès d’Aix, Guillaume se dira certain de l’innocence de son père. Il sait pourtant que des zones d’ombre subsistent. En vérité, il a peur de son père. Il vit sous son emprise.

Maurice Agnelet au procès de Rennes

Il fait au procès de Rennes une déposition fracassante. Il relate que son père lui a révélé qu’il savait où se trouvait le corps d’Agnès ; et que sa mère, maintenant divorcée de Maurice, lui avait confié qu’il avait assassiné son amante. Ce coup de théâtre conduit à la condamnation de Maurice.

 Le poids de ce qu’avait Guillaume sur la conscience le conduit à commettre ce que sa famille, père, mère et frère considèrent comme une trahison. Et cette trahison sonne comme un écho à celle commise par Agnès lorsque, pour mener une vie libre et disposer pour cela des fonds bloqués dans la société du Palais de la Méditerranée, elle avait voté contre sa mère, entraînant sa destitution comme PDG.

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