« La passion de Dodin Bouffant », film de Tran Anh Hung, a obtenu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes et représentera le cinéma français aux Oscars.
Vers 1885, Dodin Bouffant (Benoît Magimel), chatelain et gastronome, prépare des plats de haute cuisine avec l’aide, depuis vingt ans, de sa cuisinière Eugénie (Juliette Binoche).
Un groupe de quatre amis, des hommes de la haute société, lui sert de jury. Ils goûtent les plats, commentent les saveurs, les arômes, les couleurs, dégustent des vins sublimes. Il faut dire que, pour Dodin, la cuisine est un art.
Comme la peinture, la cuisine est en contrastes, en nuances, en sensations fortes ou seulement esquissées. Comme la musique, elle est structurée par un rythme : elle ne se résume pas à un enchaînement de bonnes choses, chaque plat du menu doit occuper sa place de manière harmonieuse avec ce qui précède et avec ce qui suit.
Une critique du film établit un parallèle avec « Le festin de Babette », et souligne que Babette donne à profusion, alors que Dodin est plutôt dans la position de recevoir, de sa cuisinière et de ses amis goûteurs.
La relation avec Eugénie est ambivalente : est-elle la cuisinière qui, seule, est capable de transformer ses intuitions en matière, ou la femme qu’il monte voir la nuit, dans sa chambre sous les combles, au risque que la porte soit fermée ? Il voudrait l’épouser, mais connaît l’adage « le mariage est un dîner qui commence par le dessert ! » Lorsqu’Eugénie meurt, le monde de Dodin s’effondre.
Il ne pourra remonter la pente que soutenu par l’amitié de son club de goûteurs, et par l’obstination d’une jeune fille, Pauline (Bonnie Chagneau-Ravoire), décidée coûte que coûte à devenir son apprentie.
Mon sentiment vis-à-vis de ce film est mitigé. La photographie est brillante, le thème original, les acteurs excellents. Mais j’avoue ne pas avoir échappé à des moments d’ennui, peut-être parce que je ne suis pas assez sensible à cette forme d’art qu’est la haute cuisine.