Prisons sans murs

Arte TV met à disposition, sur son site, un documentaire allemand d’Elena Horn et Pia Schädel, intitulé « Des prisons sans murs, un autre modèle carcéral. »

 Le film s’intéresse à des prisons ouvertes en Finlande et en Allemagne. Dans les années 1960, la Finlande était confrontée au même problème que la France aujourd’hui : la surpopulation de ses prisons, l’incapacité du système carcéral à proposer aux détenus de vraies opportunités pour changer de vie, la fabrique de la récidive.

 Le pays a alors changé totalement sa philosophie. Priorité est donnée à la réinsertion. La moitié des détenus sont placés dans des prisons ouvertes, sans murs. Cela ne signifie pas qu’ils peuvent aller et venir à leur guise. Ils doivent respecter des horaires, limiter leurs déplacements à ce qui leur est autorisé, s’abstenir de consommer de la drogue.

Prison ouverte en Finlande

En Finlande, la prison ouverte n’est pas réservée aux détenus en fin de peine. Certains détenus condamnés à de longues peines peuvent y être admis dès après le jugement. Les conditions : exprimer un réel désir de changer de vie, ne pas être dépendant aux drogues et, naturellement, respecter le règlement à la lettre.

 Les résultats de cette politique sont excellents, avec un taux de récidive affiché à 36% (il est supérieur à 50% en France). Cela a conduit les autorités à implanter des prisons ouvertes au centre des villes, et elles y sont bien acceptées.

 C’est à Leonberg, près de Stuttgart, qu’est implantée la « Maison du Lac », établissement regroupant trois lieux de vie accueillant au total 21 détenus. Chacun des lieux de vie est animé par un couple, et c’est une vraie vie de famille qui est proposée, incluant des vacances avec parents et enfants.

Petit déjeuner partagé « en famille » à Leonberg

L’un des pensionnaires de la Maison du Lac s’appelle Gihan. Il a vingt ans et a été condamné, après différents cambriolages, pour coups et blessures. Il explique que chaque détenu est, en permanence, jugé sur une échelle de confiance, ceux qui ont atteint le plus haut grade de confiance jouissant d’une plus grande liberté de mouvement.

 Gihan est en apprentissage d’usinage de pièces métalliques, et il est sûr de trouver un emploi à sa sortie de la prison ouverte. Mais tous les détenus ne supportent pas la discipline de l’établissement, le programme d’activités commençant certains jours par du sport à 6h du matin, le strict respect du règlement. Ils retournent en détention classique, où tout est décidé pour eux, où ils n’ont pas à décider la vie qu’ils veulent mener.

 À la Maison du Lac sont organisées des rencontres condamnés-victimes, une forme de justice restaurative. Elles portent haut la conviction que même les pires criminels peuvent changer et reprendre leur vie en mains.

Rencontre condamnés – victimes à Leonberg

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