Dans « Ricardo et la peinture », le réalisateur Barbet Schroeder nous fait découvrir son ami Ricardo Cavallo, peintre né en Argentine en 1954, arrivé en France en 1976 et installé en Bretagne depuis 2003.
Ricardo Cavallo est d’abord une personnalité exceptionnelle, rayonnante. Il dort toute l’année fenêtre ouverte et sans chauffage, afin de sentir le passage des saisons. Il se nourrit principalement de riz et d’oranges. Dans son village, Saint Jean du Doigt, il a créé une école de peinture et s’émerveille des créations de ses petits élèves.
Concernant la peinture, c’est une encyclopédie vivante. Il parle avec passion de Velazquez, son maître absolu. Il nous fait découvrir les peintures du Fayoum, portraits funéraires réalisés en Égypte du premier au troisième siècles de notre ère. Il décrit l’émergence de la peinture dans la Grèce ancienne.
Il dit son admiration pour Monnet, capable de saisir les jeux de lumière dans sa série de tableaux de la cathédrale de Rouen ou dans un terrain planté de peupliers, qu’il avait dû acheter pour continuer à les peindre alors qu’ils étaient promis à l’abattage. Il se passionne pour le cubisme, pour l’effort de déconstruction opéré par Picasso ou Braque quand ils représentent un violon ou un homme coiffé d’un chapeau.
C’est un cours d’histoire de l’art magistral que reçoit le spectateur. Il est pris à témoin du processus créatif de Cavallo. Celui-ci a commencé à travailler dans une chambre de bonne, au septième étage d’un immeuble de Neuilly-sur-Seine. L’exigüité des locaux lui a imposé de peindre sur des plaques de tout petit format qui, assemblées, formaient une œuvre complète. Il constata que cette manière de procéder, l’assemblage de fragments en une œuvre de grand format, était riche de possibilités créatrices.
L’artiste est passionné par les formes sauvages. Au Pré Catelan, il peint à plusieurs reprises un hêtre gigantesque, en commençant son travail par la base du tronc noueux jusqu’à la canopée. Pour les besoins du film, il revient auprès de l’arbre, mais il a été abattu. Reste la base du tronc, et avec elle ce qui constituait la base de ses peintures.
En Bretagne, Ricardo Cavallo est fasciné par des roches granitiques aux formes tourmentées, inquiétantes comme le hêtre. Il emmène Barbet Schroeder dans des grottes accessibles seulement à marée basse. Comme Velazquez, c’est par la couleur qu’il donne à voir les volumes, il ne dessine rien.
« La peinture de Ricardo » procure au spectateur un authentique moment de bonheur. Que le monde est beau, pour celui qui sait regarder, pour celui qui sait partager !