Avec sa pièce « Intra Muros », créée en 2017, Alexis Michalik propose, dans le cadre confiné d’une prison, l’entrecroisement de destins liés par des fils que le spectateur découvre peu à peu.
Richard, metteur en scène peu demandé, obtient un contrat avec la maison centrale (prison pour condamnés à de longues peines) de Nevers. Il y animera un atelier théâtre. Il s’assure, pour cela, le concours d’une comédienne, Jeanne.
Alice, la coordinatrice culturelle de l’établissement, les introduit dans la salle d’activités. Ils découvrent que seuls deux détenus ont répondu à l’invitation. L’un est Kévin, un homme de trente-cinq ans environ, qui s’impose physiquement et par son parler de zonard. L’autre s’appelle Ange, il a cinquante ans environ, il est taiseux, il n’est venu que sur les instances de Kevin.
Richard est tenté de renoncer. Comment donner un cours de théâtre à deux homes seulement, dont l’un ne possède pas la moindre référence culturelle et l’autre tient à distance tout ce qui pourrait toucher son intimité. Alice et Jeanne le convainquent de poursuivre. On découvre là un premier contexte « hors les murs ». Richard et Jeanne ont vécu ensemble, leur séparation est douloureuse, c’est leur relation qui se joue dans le huis-clos de la prison.
Pourquoi deux détenus seulement se sont-ils présentés à l’atelier ? Alice est-elle liée, d’une manière ou d’une autre, à leurs destinées, ou à la destinée de l’un d’entre eux ? Le metteur en scène Richard, et derrière lui l’auteur de la pièce Michalik, pressent les deux acteurs de jouer leur vie d’avant, d’imaginer ce que pourrait être leur vie d’après.
Ce qu’ils jouent est-il pure fiction ? Ou bien s’agit-il de la réalité profonde de leurs vies d’hommes qui ont commis l’irréparable… à moins que ça puisse se réparer. Telle est la magie du théâtre : la confusion/distinction entre le rôle du comédien et sa vie « en vrai ».
« Intra Muros » est une pièce sur la prison. Elle exprime avec humour et avec force que le destin des personnes enfermées s’est joué à l’extérieur des murs, et que ces murs ne peuvent empêcher que la personne incarcérée soit mue par ce qui se passe à l’extérieur. Mais c’est surtout une pièce sur le théâtre et son pouvoir de rendre compte avec exactitude du mouvement des âmes et de proposer des fictions qui ont la consistance de l’expérience vécue.