Le disciple à l’épreuve du temps

Dans « Le disciple à l’épreuve du temps, une relecture de l’évangile selon Marc » (97 pages, Saint-Léger éditions, 2024), Agnès Gueuret fait « retour sur un parcours  à l’heure où la vieillesse, comme une fleur désorientée repense aux rayons clairs d’un soleil pur ».

Née en 1936, elle revient donc à sa passion pour les Évangiles. Elle avait fait une thèse sur celui de Luc. C’est à l’Évangile de Marc, le premier qui ait été écrit vers 70, quatre décennies après la mort de Jésus, qu’elle consacre une méditation qui mêle analyse du texte, réflexions et poèmes.

Le temps, cité comme une épreuve dans le titre de l’ouvrage, en constitue en effet le cœur. Le temps de sa propre vie qui s’épuise. Le temps de notre humanité, de plus en plus sous la contrainte de l’urgence : désarmer les prédateurs et les dictateurs, désamorcer les guerres, arrêter le réchauffement climatique, s’il en est encore temps.

L’autrice trouve un écho de ce sentiment d’urgence dans le texte de Marc. « Or, ce matin-là au bord du lac où il passe, Jésus voit deux pécheurs sur leur barque arrangeant leurs filets. Il les appelle et eux « aussitôt » se lèvent, viennent. Deux pas plus loin, il appelle les deux Zébédée ; à leur tour, ils abandonnent et leur barque et leur père pour le suivre « aussitôt ». » Le mot « aussitôt » revient 40 fois dans le texte de Marc.

Agnès Gueuret parle d’un tempo, présent du début à la fin de l’Évangile de Marc. On perçoit l’urgence dans les trois traversées de la mer (le lac de Tibériade), dont l’une jusqu’à « la région de Dalmanoutha – région complétement inconnue du cadastre ! », souligne-t-elle. On la perçoit dans la montée vers Jérusalem, avec l’annonce de la débâcle à venir. « Et c’est l’arrestation soumise au temps qui n’a cessé de se manifester à chacune des pages : « à l’instant ».

« Il  a trente ans : il va mourir ! Que ferait-il aujourd’hui même si, atteint de vieillesse, ses yeux et ses oreilles voyaient cette misère  qui gangrène le monde et les humains sous mille formes ? »

Transhumances a consacré plusieurs articles aux ouvrages d’Agnès Gueuret, avec en premier lieu une évocation de son approche poétique de la Bible. Puis « sous le figuier », « les jougs de Jérémie », « sous l’écorce des jours » et « traces johanniques ».

Une réflexion sur « Le disciple à l’épreuve du temps »

  1. « L’angoisse apparaît lorsque fait défaut l’appui d’un manque. » (Lacan) Quand le temps nous manque pour « désarmer les prédateurs et les dictateurs, désamorcer les guerres, arrêter le réchauffement climatique, s’il en est encore temps » . . . l’angoisse apparaît et l’urgence pour le disciple de « prononcer des mots justes, de passer faisant le bien, de porter sans cesse un regard de bonté sur l’homme rencontré quelle que soit son origine ou sa teinte de peau, de foi ou de pensée. »

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