Dans la peau de Blanche Houellebecq

Blanche Gardin et Michel Houellebecq jouent leur propre rôle, entre fiction et réalité, dans le film « dans la peau de Blanche Houellebecq » réalisé par Guillaume Nicloux.

Ils se rendent à la Guadeloupe pour présider un improbable concours de sosies. Il s’agira de primer, parmi dix candidats, celui qui, par son attitude corporelle (y compris la cigarette aux lèvres) évoquera de la manière plus convaincante le personnage de l’écrivain.

À l’aéroport, ils sont accueillis par Cornélius (Jean-Louis Gautier). Dans la limousine, l’air conditionné est en panne, et la chaleur devient étouffante. Dans un créole incompréhensible, le chauffeur explique à ses passagers qu’il est normal qu’ils souffrent comme ont souffert ses ancêtres réduits en esclavage.

Michel est accompagné par son garde du corps et homme à tout faire, joué par Luc Schwarz. Celui-ci a un cousin sur l’île, qui gère un restaurant mafieux. Un homme gît sur le sol, le crâne traversé par une machette. Un policier passe les menottes à Blanche et Michel, mais une seule paire de menottes, de sorte qu’ils se présenteront, face au public du Palais des Sports du Gosier, liés par une chaîne.

« Le rapprochement de ces deux corps suffit à provoquer un comique visuel, l’évidence d’un duo de cinéma étrangement émouvant », écrit un critique. Comme dans les bonnes comédies, il y a le grand personnage maigrichon et le petit bien en chair. L’un et l’autre semblent flotter sur les événements, comme absents à eux-mêmes, portant sur le monde un regard désabusé et légèrement cynique.

Michel surtout semble hagard, d’autant plus effrayé par ce qui l’entoure qu’il consomme des champignons hallucinogènes. Dans une scène touchante, il se fera consoler par Blanche, telle une pietà, dans sa chambre d’hôtel. Quant à Blanche, elle est pétrie de contradictions. Après avoir déclaré en interview qu’elle ne faisait pas de politique, elle se dit partisane de l’indépendance de la Guadeloupe, même au prix de la violence.

Le passé douloureux de la Guadeloupe constitue la trame de ce film. Le traiter par l’humour ne l’avilit pas, ne le relativise pas. Guillaume Nicloux cite Maryse Condé : « Le rire est le premier pas vers la libération. On commence par rire. On rit donc on se libère. On se libère donc on peut combattre. »

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