Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, je m’étonne d’une mesure prise en Belgique instituant une incarcération à mi-temps pour réduire la surpopulation carcérale ; j’admire Paul Alexander, « l’homme au poumon d’acier », décédé récemment, pour la combativité de toute une vie ; et la séquence de CB News laissant penser que l’épidémie de punaises de lit serait due à l’immigration me semble indigne.
En prison à mi-temps
Le magazine Web de la RTBF a annoncé la mise en œuvre d’une nouvelle mesure pour lutter contre la surpopulation carcérale, qui sévit en Belgique comme en France. « Les détenus condamnés à des peines maximales de dix ans de prison – qui ont déjà bénéficié d’un congé réussi – pourront effectuer leur peine de façon alternée, en restant un mois en prison puis en sortant de prison durant un mois. Cette peine alternée ne concernera toutefois pas tous les détenus. Ceux condamnés, par exemple, pour terrorisme ou agression sexuelle n’y auront pas droit. »
Cette mesure soulève des interrogations. Les détenus ainsi rendus à la vie libre un mois sur deux peuvent-ils espérer trouver un travail ou suivre une formation ? Comment supporteront-ils psychologiquement l’obligation de revenir en prison après avoir passé un mois en liberté, avec sa famille et ses amis ?
Une libération conditionnelle anticipée aurait certainement plus de sens que cette demi-mesure décidée sous la pression de l’urgence.
L’homme au poumon d’acier
Paul Alexander est mort au Texas le 11 mars dernier à l’âge de 78 ans. À l’âge de six ans, il avait contracté la poliomyélite et était resté paralysé du cou jusqu’aux pieds. Les médecins le pensaient condamnés. Il survécut grâce à un poumon artificiel.
Linda Rodriguez McRobbie l’avait rencontré et avait publié un long article dans The Guardian en mai 2020. Paul Alexander était un indomptable lutteur. Lutte pour survivre. Lutte pour obtenir de pouvoir étudier sans assister aux cours. Lutte pour écrire et dessiner, un crayon dans la bouche. Lutte pour apprendre à respirer quelques heures, le temps d’exercer son métier d’avocat avant de rejoindre, la nuit, son tunnel de survie.
Ces dernières années, il vivait 24h sur 24 allongé, sa tête seule dépassant de son poumon d’acier. Il continuait cependant la lutte de toute une vie : rappeler que la poliomyélite paralysait 15 000 personnes, dont beaucoup d’enfants, chaque année dans les décennies 1940 – 1950 aux États-Unis. Rappeler aussi que c’est grâce à la vaccination que ce fléau a été éradiqué.
Punaises de lit
L’Arcom, régulateur des médias, a mis en garde CB News à la suite d’une séquence en septembre qui interrogeait le lien entre la recrudescence des punaises de lit et l’immigration.
Dans l’émission « l’heure des pros », l’animateur Pascal Praud avait posé la question suivante : « Il y a beaucoup d’immigration en ce moment. Est-ce que c’est les personnes qui n’ont pas les mêmes conditions d’hygiène que ceux qui sont sur le sol de France qui les apportent, parce qu’ils sont dans la rue, parce que peut-être n’ont-ils pas accès à tous les services comme les autres ? Est-ce que c’est lié à cela ? »
Pascal Praud entend « poser toutes les questions », sans tabou. L’Arcom considère que « la formulation même de cette question était susceptible d’encourager des comportements discriminatoires ».
La presse s’est par ailleurs fait l’écho de propos du ministre délégué à l’Europe Jean-Noël Barrot. Les services russes auraient « artificiellement amplifié » l’invasion des punaises de lit en France, en faisant un faux lien avec l’arrivée de réfugiés ukrainiens sur le sol français