Pierrot le fou

France 5 a récemment diffusé Pierrot le fou, film réalisé par Jean-Luc Godard en 1965, considéré comme emblématique de la « nouvelle vague ».

 Ferdinand Griffon (Jean-Paul Belmondo) mène une existence bourgeoise avec sa femme et ses deux enfants. Il ne se sent pas épanoui, et la perte de son emploi à la télévision ajoute à son désarroi. Lorsqu’au retour d’une soirée mondaine, il reconduit la baby-sitter Marianne (Anna Karina) à son domicile, sa vie bascule.

 La vie de Marianne n’a rien d’un fleuve tranquille. Elle est poursuivie par des tueurs à gage, il y a un cadavre à évacuer de son appartement. Marianne et Ferdinand s’enfuient vers la Côte d’Azur à bord de la voiture du mort. Dans un contexte d’évangélistes américains, on pourrait dire que Ferdinand est « born again ». De fait, Marianne le baptise d’un nouveau prénom, Pierrot. Ses protestations, « je m’appelle Ferdinand » n’y changeront rien.

Comme les héros du grand ouest américain, les amants prennent la route, d’une voiture volée à une autre. Sans le sou pour payer l’essence, ils écrasent la tête du pompiste sous le capot. Poursuivis par la police, ils exercent à fond leur liberté. Un coup de volant, et voici le cabriolet américain enfoncé dans un étang. C’est à pied qu’on continuera la route.

 Sur la Côte d’Azur, Pierrot est détenu et torturé par les gangsters aux trousses de Marianne. Quand il retrouve celle-ci, il découvre que « le frère » qu’elle devait retrouver sur les bords de la Méditerranée est en réalité son compagnon. Il les tue.

 Il se donne ensuite la mort après avoir peint son visage de bleu et s’être ceint d’une double ceinture d’explosifs, rouge et jaune, dans le code couleur de l’ensemble du film. Après avoir mis le feu à la mèche, il se repend, mais c’est trop tard : il restera pour toujours Pierrot le fou, il ne sera plus jamais Ferdinand Griffon.

 Une réplique d’Anna Karina est restée célèbre : « j’ai rien à faire, qu’est-ce que j’peux faire ? » En voiture, Anna demande à Pierrot à qui il parle. « Au spectateur », répond celui-ci, comme si le spectateur, à son tour, était embarqué à bord de ce road-movie sans coutures.

 Je me suis senti fasciné par ce film aux limites de l’absurde et du chaos. Le couple Belmondo – Karina est bouleversant de fraîcheur, d’érotisme et de tragédie.

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