Avec Memory, le réalisateur Michel Franco réalise un film magnifique sur la capacité de l’amour à renverser les montagnes.
Sylvia (Jessica Chastain) mène avec sa fille Anna (Brooke Timber) une petite vie dans un quartier pauvre de New York, occupée par un petit travail dans un foyer d’handicapés mentaux. Elle participe activement aux réunions des Alcooliques anonymes. Sa hantise : se protéger, et tenir sa fille protégée, de l’alcool et des hommes.
Sa sœur Olivia (Merritt Wever) la persuade de participer à une soirée d’anciens du lycée. Bien sûr elle ne danse pas, malgré l’invitation pressante d’un homme. Celui-ci la suit jusqu’à son domicile. Le matin, il est encore là au seuil de son immeuble. Elle parle avec lui. Il s’appelle Saul (Peter Sasgaard). Il souffre de démence, il ne se rappelle plus pourquoi il l’a suivie.
Sylvia est prise de curiosité pour cet homme étrange. N’est-ce pas lui qui l’aurait violée quand elle avait huit ans ? De sombres souvenirs, bloqués eu fond de la mémoire, font surface, peuvent enfin être habillés de mots : l’inceste par le père, le déni de la mère, le silence de la sœur.
Saul a perdu la mémoire, Sylvia récupère la mémoire d’événements qui ont fait d’elle la femme bloquée qu’elle est devenue. Peu à peu, les corps se rapprochent, la froideur se dissipe. Une triple libération est en marche : celle de Saul, qui échappe à la tutelle implacable de son frère ; celle de Sylvia, qui découvre qu’elle peut dominer sa peur ; celle aussi d’Anna, qui en rendant possible l’amour de sa mère et de Saul, ouvre la voie à son propre avenir.
« Memory » est un film pudique, porté par des acteurs en état de grâce.