Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, je m’étonne que l’on continue à présenter la construction de nouvelles prisons comme une solution à la délinquance. Je partage l’effarement de beaucoup d’Européens face à l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Je découvre l’intérêt d’un petit garçon pour la mort. J’admire les personnes âgées qui décident de voyager malgré les maux que leur inflige la vieillesse.
Dix-huit mille
Le ministre de la Justice Didier Migaud a annoncé que l’objectif de construction de 15 000 places de prison supplémentaires d’ici 2027 ne sera pas atteint. Il aurait d’ailleurs dû parler de 18 000 places, objectif redéfini l’an dernier par le Parlement dans la loi de programmation de la Justice.
Seules 4 500 places, soit un quart de l’objectif, ont été livrées à ce jour. Les raisons ne sont pas un manque de crédits – car pour la prison on dépense sans compter – mais des difficultés foncières et des oppositions de la part d’élus.
Ce n’est pas ce retard qui étonne, mais la permanence du déni. On faisait semblant de croire qu’une livraison massive aurait lieu en 2027. Et surtout, on continue d’affirmer que la solution au problème de la surpopulation carcérale réside dans les nouvelles constructions, alors que l’on sait que celle-ci est toujours en retard et comporte un coût pharaonique, et qu’il est établi qu’une autre politique, centrée sur la prévention et l’accompagnement hors les murs, réduirait la délinquance.
Donald Trump
Donald Trump sera donc de nouveau président des États-Unis. Que sa première présidence erratique n’ait pas découragé une majorité d’électeurs américains, qu’ils n’aient pas été écœurés par ses condamnations et mises en examen pour abus sexuels, corruption et attaques contre la démocratie, que ses excès verbaux leur aient semblé dans la nature des choses politiques ne peut manquer de nous surprendre.
Il nous faudra vivre avec. Un apprentissage de l’altérité.
Intérêt pour la mort
Le jour de la Toussaint, un garçon de cinq ans me demande à brûle pourpoint : tu sais pourquoi je m’intéresse à la mort ? J’écarte une explication religieuse. Il m’explique : parce que je possède des armes dangereuses, couteau, hache, épée.
Puissent tous les porteurs d’armes du monde avoir la sagesse de ce petit garçon !
Vague grise
L’expression « vague grise » (« grey wave » ou « silver tsunami » en anglais) désigne l’accroissement brutal du nombre de personnes âgées dans les pays développés. Les voyages organisés par les agences touristiques en demi-saison en donnent une excellente illustration.
Dans le car qui nous emmène en octobre sur les routes de Croatie, de Bosnie Herzégovine et du Monténégro, la moyenne d’âge est supérieure à 75 ans. Les corps sont vieillis, ridés, courbés, déformés, trébuchants. Les passagers de l’autocar se font répéter les consignes. Ils sont parfois irritables.
Mais il y a quelque chose d’héroïque dans la volonté de ces personnes de rester vivantes quoi qu’il en coûte, de découvrir le monde, de se laisser étonner par l’étranger.
Une vague grise, oui, mais avec les couleurs de l’enfance enfouie.