Amnesty International a publié en 2024 un rapport intitulé « « se sentir comme un sous-homme, le génocide d’Israël contre les Palestiniens à Gaza » (« You feel like you are subhuman, Israel’s genocide against Palestinians in Gaza. »)
Pour cette organisation internationale de défense des droits humains, les massacres perpétrés par l’armée israélienne après l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 doivent donc être qualifiés de génocide. Compte-tenu du poids historique et émotionnel lié à ce mot, né comme un concept philosophique et juridique de la réflexion sur la Shoah, le rapport se devait d’être précis quant au vocabulaire et solidement étayé par des faits.
Le rapport commence par rappeler les faits. « L’offensive militaire d’Israël a tué et grièvement blessé des dizaines de milliers de Palestiniens, dont des milliers d’enfants, dont beaucoup dans des attaques directes ou aveugles, anéantissant souvent des familles entières, plusieurs générations confondues. Israël a déplacé de force 90 % des 2,2 millions d’habitants de Gaza, dont beaucoup à plusieurs reprises, dans des parcelles en constante réduction et en constante évolution qui manquaient d’infrastructures de base, forçant les gens à vivre dans des conditions qui les exposaient à une mort lente et calculée.
L’offensive militaire d’Israël
« Il a délibérément entravé ou refusé l’importation et la livraison de biens vitaux et d’aide humanitaire. Il a restreint l’approvisionnement en électricité qui, avec les dommages et la destruction, a conduit à l’effondrement des systèmes d’eau, d’assainissement et de santé. Il a soumis des centaines, voire des milliers, de Palestiniens de Gaza à la détention au secret et à des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants qui auraient fait au moins 53 morts en août 2024.
« Les actes illégaux infligés simultanément aux Palestiniens, pendant des mois sans répit, ont eu un impact profond et cumulatif sur la santé mentale et physique de l’ensemble de la population de Gaza : ceux qui ont survécu ont été laissés affaiblis, affamés ou traumatisés, avec des effets probablement permanents sur leur santé mentale et physique. »
La convention génocide
Juridiquement, le crime de génocide est défini par la Convention sur la prévention et la punition du crime de génocide de 1948, ratifiée par Israël en 1950. La population visée doit être un groupe national, ethnique, racial ou religieux placé sous la protection de l’autorité suspectée d’avoir commis le crime. C’est bien le cas du peuple palestinien de Gaza, dont le territoire est occupé par Israël.
En ce qui concerne les actes commis, trois sont constitutifs du crime de génocide :« tuer des membres du groupe » ; « causer des lésions corporelles ou mentales graves à des membres du groupe » et « infliger délibérément au groupe des conditions de vie calculées pour entraîner sa destruction physique en tout ou en partie. » Amnesty International constate qu’Israël a commis ces crimes dans la période couverte par son enquête (octobre 2023 – avril 2024).
Enfin, le crime de génocide se caractérise par son intentionnalité. Les actes incriminés doivent être commis « dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, en tant que tel… » C’est bien le cas dans la campagne d’Israël contre le peuple de Gaza, constate Amnesty International.
C’est bien un génocide
Le rapport est accablant. Je ne citerai ici que quelques passages qui m’ont particulièrement frappé. Il y a d’abord l’usage de bombes à fragmentation lancées sur des immeubles d’habitation de nuit, pendant le sommeil des résidents, avec la certitude de faire un maximum de morts.
Le rapport cite une déclaration du ministre israélien de l’énergie et des infrastructures Israel Katz le 10 octobre 2023, Il commentait la décision d’Israël d’interdire l’entrée de carburant à Gaza : « sans carburant, même l’électricité locale s’arrêtera en quelques jours et les puits de pompage s’arrêteront en une semaine. C’est ce qu’il faut faire à une nation d’assassins et de bouchers d’enfants ». Amnesty International constate que les discours de haine prospèrent librement.
Le rapport souligne aussi la destruction systématique de monuments emblématiques de la culture palestinienne, mosquées, églises, cimetières, sites archéologiques. Le rapport cite le fait suivant. « Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le 7 décembre 2023, qui montrait la démolition contrôlée du campus Al-Mughraqa de l’université Al-Azhar, des soldats israéliens chantaient et applaudissaient. On entend l’un d’eux dire : « Prends ça ! Joyeux Hanoucca, peuple d’Israël. Il était une fois une université. » »
Oui, c’est hélas bien un génocide qui est en cours dans la bande de Gaza.