Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, je constate de nouveau le déséquilibre médiatique dans le traitement de la guerre à Gaza ; je suis à moitié surpris par le changement de nom du Parvis Abbé Pierre à Courbevoie ; et j’ai été frappé par les références apocalyptiques lors de l’investiture de Donald Trump comme président des États-Unis.
Guerre des images
Dimanche soir 19 janvier, nous regardons sur France 2 les images de la libération de trois jeunes femmes kidnappées par le Hamas le 7 octobre 2023. Comment ne pas partager l’émotion des captives, de leurs familles et des Israéliens massés devant des écrans géants ?
Où sont passés les 90 prisonniers palestiniens libérés le même jour, surtout des femmes et des enfants ? Leurs familles n’ont-elles pas, elles aussi, exulté de joie ? Pourquoi nous, téléspectateurs français, sommes-nous privés de partager leur moment de bonheur ?
C’est une guerre des images qui se déroule sous nos yeux. Le reportage de France 2 inclut quelques secondes sur le départ de Gaza du véhicule de la Croix-Rouge conduisant les captives vers Israël. Il est entouré de milliers de combattants du Hamas brandissant des mitraillettes. Le Hamas a été affaibli mais pas détruit, comme le pouvoir israélien l’avait promis. Il a fallu négocier avec lui.
L’appel du 1er février 1954
Le parvis de l’église Saint Pierre Saint Paul de Courbevoie a été débaptisé. Il portait le nom de l’Abbé Pierre, qui écrivit dans la commune son appel du 1er février 1954 qui provoqua « l’insurrection de la bonté ».
En raison des agressions sexuelles dont le prêtre s’est rendu coupable, la nouvelle dénomination est « Parvis de l’appel du 1er février 1954 ». On peut s’en réjouir : l’hommage s’étend aux dizaines de militants qui entouraient le charismatique abbé et aux centaines de milliers d’anonymes qui répondirent à son appel.
L’élu de Dieu
Dans Le Monde du 24 janvier 2025, Virginie Larousse a proposé une lecture théologique du président Donald Trump.
« Donald Trump, écrit-elle, mobilise une thématique essentielle de la théologie évangélique : celle du millénium, autrement dit du mythe de l’âge d’or, qui trouve sa source dans les chapitres 19 à 22 de l’Apocalypse de Jean. Elle cite le médiéviste Joël Schnapp, « A la fin des temps, détaille le chercheur, Jésus jettera les Bêtes dans l’étang de feu, tandis qu’un ange enchaînera le Diable. Les martyrs reviendront à la vie et vivront avec le Christ mille ans de bonheur, ce qui s’apparente à un âge d’or. Puis le Diable se libérera de ses chaînes, les peuples infernaux de Gog et Magog se rassembleront et la grande bataille eschatologique aura lieu. »
Dans la Lettre de Philosophie Magazine, Michel Eltchaninoff évoque l’investiture de Trump, « transfiguré comme s’il venait d’un autre monde que celui des humains. Son visage et sa chevelure étaient nimbés d’un halo orangé. Sa démarche était lourde et aérienne à la fois. Ses lèvres ne se sont pas appuyées sur celles de Melania, sa main n’a pas touché la Bible du serment présidentiel. Il n’entrait pas en contact physique avec les êtres et les choses : Noli me tangere (“Ne me touche pas”), disait le Christ à Marie-Madeleine »
Toute rationalité est mise de côté, le mythe remplace la réalité. Cela fait frémir.