Cloclo

Cloclo, le film biographique de Claude François par Florent-Emilio Siri, donne une image contrasté d’un artiste qui a marqué mes années d’adolescence et de jeunesse.

 Claude François (1939 – 1978), magistralement interprété par  Jérémie Rénier, a toujours eu des comptes à régler : avec son père, Aimé François (Marc Barbé), cadre supérieur de la Compagnie du Canal de Suez, homme autoritaire décidé à obliger Claude à renoncer à la vie de saltimbanque, puis homme humilié et brisé par l’exil à Monaco après la nationalisation du Canal par Nasser ; avec sa mère Chouffa (Monica Scattini), flambeuse accroc au tapis vert et au poker. Devenu riche, Claude deviendra comme son père le rêvait un homme d’affaires au style dictatorial, patron de presse et propriétaire d’une agence de mannequins ; comme sa mère, il dépensera sans compter jusqu’au bord de la faillite. Il mènera sa vie à cent à l’heure, hanté par ces personnages formidables, attentif au moindre détail jusqu’à l’obsession comme pour se rassurer dans la perfection, et parfois pris de crises d’angoisse. Florent-Emilio Siri nous dépeint un homme grisé par le succès et capable d’en jouir, mais aussi incapable de vraiment aimer, constamment jaloux de ses partenaires, incapable d’aimer vraiment une femme.

 Il y a de belles scènes dans ce film. Claude rompt avec France Gall, coupable pour lui d’avoir remporté le grand prix de l’Eurovision et de lui faire de l’ombre. France tambourine à sa porte, mais en vain. Au petit matin, il la découvre endormie, couchée à sa porte. Il la porte dans ses bras jusque dans la chambre.

 Alors que Claude est dans une frénésie de concerts, Paul Lederman (Benoît Magimel), son imprésario, lui conseille de se réinventer pour éviter le risque de devenir démodé. Claude va avec France Gall à New York, et en ramène l’idée des Claudettes : pour la première fois, la télévision française montrera une danseuse noire.

 Claude est au bord de la piscine de son moulin avec son équipe. Sous le choc de sa séparation d’avec France et à partir de quelques notes enregistrées, contemplant les nuages, il compose « Comme d’habitude ».

 Claude est au milieu des invités lors d’une réception au moulin. Il aperçoit à une fenêtre Marc, son second petit garçon, celui qu’il a voulu cacher pour le protéger des ravages de la notoriété. Il fend la foule des invités pour le rejoindre et passer un moment d’intimité avec lui.

 Cloclo n’est pas un grand film. Mais il fait écho à des émotions communes à toute ma génération et il présente un homme hors du commun dans toute sa complexité.

 Photo du film Cloclo.

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