Wet weather cover

100213_wet_weather_cover.1266052702.jpg

Le King’s Head Theatre d’Islington (Londres) donne la première pièce de l’acteur Oliver Cotton : « wet weather cover » (abri pour temps de pluie). Elle parle de l’affrontement des cultures britannique et américaine et de la vie de comédiens entre leurs égos, leurs petites misères et la passion pour leur métier.

Le théâtre mérite en lui-même une soirée. Il s’agit en vérité d’un pub dont la dernière salle est un auditorium exigu d’une centaine de places. Le prix des billets inclut une consommation et les spectateurs entrent avec une coupe de vin ou une pinte de bière.

La scène est tout entière occupée par le décor : l’intérieur d’une caravane minable où dégouline l’eau de pluie. Car il ne cesse de pleuvoir. Nous sommes en Espagne sur le site de tournage d’un film à petit budget sur les Conquistadors. La vedette du film, l’Américain Brad (joué par Michael Brandon) est en contact par talkie walkie avec le metteur en scène, mais la pluie empêche le tournage et lui tourne en rond.

Dans une première scène hilarante, il s’en prend à l’habilleur Pepe (Pepe Balderama), qui ne parle pas un mot d’anglais et lui tient la dragée haute dans un espagnol coloré. Sa seconde tête de turc est un second rôle anglais, Stuart (Steve Furst). Pour tuer le temps, Stuart lit une biographie de Marlowe, et Brad amorce une première dispute sur les mérites comparés de Marlowe et de Shakespeare. Les deux acteurs s’enflamment et finissent par déclamer ensemble une tirade de Richard II, sous les applaudissements du public.

L’alcool aidant, les deux hommes, acteurs dans l’âme, se lancent à corps perdu dans un jeu de rôle où tout à tour l’un prend l’avantage sur l’autre. Brad reproche à Stuart d’être un perdant, Stuart stigmatise la star hollywoodienne que Brad prétend être, n’existant que pour ses privilèges. Stuart quitte la caravane mais y revient aussitôt, un peu à cause de la pluie battante, beaucoup parce que Brad l’en supplie. Au paroxysme de leur affrontement théâtral, les deux hommes en viennent aux confidences : c’est en prison, condamné pour meurtre, que Brad s’est passionné pour le théâtre et la littérature. Stuart est sur le coup de la rupture avec sa fiancée.

Dans cette pièce de théâtre sur le théâtre, joué par des acteurs remarquables, le huis clos renforce l’intensité dramatique et rend les moments d’humour libérateurs.

(Photo de la pièce, Steve Furst et Michael Brandon)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *