Cambridge, à une centaine de kilomètres de Watford, est l’une de nos excursions favorites.
Nous avions savouré au printemps l’an dernier, avec Michèle et Jean-Marc, un Cambridge nonchalant, à bord d’une barge glissant au fil de la Rivière Cam aux mains d’une ravissante gondolière, frayant son chemin parmi le gentil chaos des navigateurs du dimanche. Ce dimanche d’avril, il ne cesse de pleuvoir et la température ne s’écarte guère des 7°C. Bien que commencée dans une chocolaterie, la promenade avec Catherine et Philippe revêt un caractère de gravité. Nous nous émerveillons des proportions de la chapelle de Kings College, de l’exubérance végétale de sa voûte et, malgré les nuages, de la lumière de ses vitraux. Cambridge nous apparait comme un écrin de science et d’intelligence, tout en intériorité. Lorsqu’on sort, c’est discrètement, avec pour seul bruit le crissement des pneus de bicyclette sur la chaussée trempée.
Et puis, tout près du ponton des barges de la rivière Cam, nous le croisons. Il est là, sur son fauteuil équipé d’un écran d’ordinateur, reconnaissable parmi des milliers. Stephen Hawkin va s’embarquer à bord d’un monospace noir. Je suis profondément ému. Cette ville impénétrable nous révèle un joyau. Recroquevillés sous la pluie, nous nous ouvrons à la dimension de l’univers.
Plus tard, nous arpenterons l’immense cathédrale du petit bourg d’Ely, à une trentaine de kilomètres de Cambridge. Comme Chartres, Ely a été un important centre de pèlerinage. Au douzième siècle, on a construit une immense nef romane, au treizième siècle, un chœur gothique, au quatorzième, une tour lanterne. Les vitraux médiévaux sont somptueux. Deux sculptures contemporaines retiennent notre attention : la reconnaissance de Jésus par Marie Madeleine, de David Wynne, et Jésus les mains ouvertes par Hans Feisbusch, dont j’avais aimé la peinture du Baptême de Jésus dans la cathédrale de Chichester. Ely s’enracine dans le passé pour nous donner des signes à lire aujourd’hui.