Vers une réforme radicale de la probation en Grande Bretagne

Le ministre britannique de la Justice Chris Gayling a annoncé une réforme radicale du système de probation pour les prisonniers ayant accompli une courte peine. Le nombre de prisonniers concernés va être étendu ; de nouvelles mesures coercitives vont être introduites ; le système va être largement privatisé.

 « Transhumances » s’est déjà fait l’écho des mesures durcissant le système carcéral en Angleterre et au Pays de Galles (l’Ecosse et l’Irlande du Nord ne sont pas concernées). C’est maintenant à la réhabilitation des prisonniers condamnés à de courtes peines que s’attaque le ministre de la Justice Chris Gayling.

Son objectif est de réduire le taux de récidive, actuellement de 58% pour les condamnés à des peines de 12 mois ou moins. Il vise à placer les délinquants sortant de prison sous un régime de surveillance et de réhabilitation de douze mois. Tous les condamnés à des courtes peines d’emprisonnement, y compris de seulement quelques jours, seront concernés par le nouveau système. Actuellement, ils quittent la prison sans supervision après leur détention, avec seulement un pécule de £47 en poche.

 Dans le cadre du nouveau système, les détenus seront obligés de demander une autorisation pour se déplacer hors de la zone géographique de leur réhabilitation. Ils pourront être contraints de subir un test de dépistage des drogues de catégorie B (y compris le cannabis) et de subir une cure de désintoxication. Ils pourront être obligés de porter un bracelet électronique permettant leur localisation.

 Le service public de la probation va être démantelé. Les 35 services de probation existants vont être supprimés et remplacés par un service unique au niveau national, responsable uniquement du suivi des délinquants les plus dangereux. Des compagnies possédées par l’Etat, au nombre de 21, seront chargées du suivi et de la réhabilitation de la majorité des délinquants, soit environ 240.000 sur un total de 340.000 par an. Elles lanceront des appels d’offre auxquels pourront répondre des sociétés commerciales et des organisations bénévoles. Une partie de leur rémunération sera variable en fonction de leurs résultats. La compagnie G4S, qui gère des prisons privées, a annoncé son intention de participer aux appels d’offre au nom de sa longue expérience de travail avec des délinquants en collaboration avec le secteur public et les organisations bénévoles.

 The Guardian, qui relate ce projet sous la plume d’Alan Travis dans son édition du 9 mai, relate les réactions d’associations engagées en faveur de la réforme pénale. Juliet Lyon, du Prison Reform Trust, dit que la réhabilitation après la sortie de prison a du sens, mais qu’il y a un danger qu’une approche inflexible à l’égard de ceux qui enfreignent les conditions de leur libération remplisse les prisons. Andrew Neilson de la Howard League for Prison Reform prédit lui aussi que beaucoup de prisonniers soumis au nouveau régime de réhabilitation finiront de nouveau derrière les barreaux et que le soutien additionnel qui leur sera apporté ne pourra pas faire grand-chose de plus que de réparer le dommage que la prison leur a infligé en les laissant sans travail, sans domicile et sans accès à leur famille.

 De son côté, l’association des chefs de probation (Probation Chiefs Association) dénonce par la voix de Sarah Billiald dénonce le démantèlement des « probation trusts », les seuls organismes qui ont l’expérience de travailler à la réhabilitation des délinquants.

 Photo « The Guardian » : le ministre britannique de la Justice Chris Gayling.

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