Gatsby le Magnifique, film de Baz Luhrmann d’après le roman de Francis Scott Fitzgerald, offre le grand spectacle que l’on attend d’Hollywood, et sans doute un peu plus.
L’action se déroule en 1922. Jay Gatsby (Leonardo Di Caprio), un arriviste immensément riche, reçoit le tout New-York pour les fêtes déjantées qu’il donne dans le château qu’il a acquis sur une rive de l’Hudson. Qui est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi dépense-t-il des fortunes en réceptions ? Et pourquoi s’intéresse-t-il à son nouveau voisin, Nick Carraway, un romancier manqué qui tente de gagner sa vie comme employé à la bourse (Tobey Maguire) ?
Nick est le cousin de Daisy (Carey Mullighan), une jeune femme mariée depuis cinq ans à Tom Buchanan (Joel Edgerton), l’héritier d’une famille richissime, un homme volage qui ne la rend pas heureuse. C’est à dessein que Gatsby a acheté une propriété en face de celle des Buchanan, de l’autre côté du fleuve : le soir venu, il contemple le fanal vert de la jetée des Buchanan et y voit le reflet de son étoile, la belle Daisy. C’est que Gatsby est resté passionnément amoureux de cette femme qu’il avait rencontrée pendant la guerre dans une réception donnée pour des officiers. Gatsby, fils de paysans misérables, a réussi à se forger un avenir à la force des poignets. Il est convaincu qu’il peut reconquérir Daisy, annuler cinq années perdues, remodeler aussi le passé à la force des poignets.
Le film n’est pas avare en effets spéciaux, en grosses voitures, en costumes d’époque, en bals des années folles et en flots de dollars. Mais grâce à un carré d’acteurs remarquables, il atteint aussi à une vraie dimension tragique. Avec un peu de chance, une formidable ambition et des associés sulfureux, Jay Gatsby a su forcer la fortune à lui sourire. Mais pour réécrire l’histoire de son amour avec Daisy, l’ambition et la chance ne suffisent pas, il faut être deux. Or, la belle hésite, temporise, ne se résout pas à abandonner la sécurité d’un beau mariage, fût-il sans amour. Le jeu des acteurs est excellent. Face à Di Caprio entêté, aimant d’un pur amour, croyant en son étoile mais finalement solitaire et fragile, Mullighan incarne une femme incertaine, inconstante et totalement égoïste.