Dans le quotidien El País du 5 juillet, Yolanda Monge raconte la visite de cinq jours qu’elle effectuée au centre de détention de Guantanamo.
Lors de sa première élection, le président Obama avait promis de fermer le centre de détention de Guantanamo ouvert en 2002 par son prédécesseur George Bush dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme ». Jusqu’à 600 personnes y ont été détenues. Il en reste actuellement 166, dont seulement six font l’objet d’une procédure judiciaire devant une commission militaire. Les autres restent simplement parce qu’on ne sait pas quoi faire d’elles.
Une grève de la faim est actuellement menée par 104 détenus. Ils sont alimentés de force. Deux fois par jour, ils sont amenés à une chaise spécialement dessinée pour cette tâche. « Une fois attachés, dit Yolanda Monge, on leur place un masque sur la tête qui les empêche de bouger la tête et de mordre ou de vomir. C’est la première phase.
La seconde commence avec l’application dans les fosses nasales d’un liquide lubrifiant chirurgical (…) avant d’introduire un tube par la cavité nasale (…)
L’infirmier de service relate en moins de huit secondes ce qui suit, mais selon les avocats, il s’agit d’une agonie qui semble ne jamais finir. La troisième phase commence avec la descente du tube chirurgical jusqu’à l’estomac, ce qui rend la respiration difficile et produit une sensation que certains décrivent comme une noyade.
La quatrième phase commence par attacher le tube à la narine avec un sparadrap, pour éviter que le détenu la morde, et, une fois fixé, commence la tâche de faire passer par lui 750 millilitres d’une substance riche en nutriments. A ce point on peut incorporer à cette dose alimentaire un médicament connu comme Reglan, qui a pour effets secondaires à long terme des symptômes semblables à ceux du Parkinson, afin d’atténuer la sensation de nausées chez le détenu. « Tout le processus dure 20 minutes », assure l’homme en uniforme qui, avec une froideur chirurgicale, a expliqué le processus.
Les autorités du camp assurent que l’alimentation forcée continuera pendant le mois de Ramadan, mais seulement après le coucher du soleil.
« Dans le théâtre de l’absurde dans lequel s’est converti le centre de détention de Guantanamo, écrit la journaliste, les soldats chargés du service médical aux détenus se font appeler par des noms pris d’œuvres de Shakespeare. Ainsi la psychiatre est Dyonisa (nom pris de l’œuvre Périclès, prince de Tyr), qui confesse, ingénue, ne pas bien connaître les raisons pour lesquelles les prisonniers ne demandent pas ses services de santé mentale ». Des infirmiers portent ainsi le nom de Malvolio, Feste, Orsino…
Yolanda Monge souligne que pendant les cinq jours de la visite de presse, aucun contact ne fut autorisé avec les détenus. C’était la quatrième visite de ce type à laquelle participait El País. Elle craint que ce ne soit pas la dernière.
Je ne savais pas cela et suis horrifiée! C’est abominable. Je suis extrêmement choquée.