Les périodes de forte chaleur estivale causent un supplément de souffrances aux personnes détenues et aggravent les conditions de travail du personnel pénitentiaire.
Les deux expériences sensorielles qui marquent le plus dans l’univers carcéral sont le vacarme et l’odeur. Lorsqu’arrive la canicule, les bruits de serrure et les vociférations de cellule à cellule perdurent mais tendent à s’assoupir. En revanche, l’odeur devient incommodante. Il s’agit d’un mélange intime de transpirations rances et de produits d’entretien de collectivité.
Lorsque les citoyens libres mettent le cap sur la plage, la vie des détenus se fait étouffante, plus particulièrement le week-end lorsqu’ils restent confinés 22 heures sur 24. Ils coexistent normalement à deux dans un espace minuscule occupé par deux lits superposés, une petite table, deux chaises, un petit lavabo et la cuvette des toilettes. Lorsque le codétenu refuse de sortir en promenade ou en atelier, de se doucher, de se laver, de changer de vêtements, l’odeur devient pestilentielle. Il est possible de se procurer un ventilateur, mais il faut l’acheter et tous n’en ont pas les moyens. Certains y renoncent plutôt que se s’exposer au risque d’angine.
Les prisons françaises connaissent une surpopulation chronique, qui s’aggrave actuellement. Il y a selon les derniers chiffres communiqués 68.569 détenus pour 57.235 places, soit un taux d’occupation de 119%. Cela signifie que plusieurs milliers de détenus vivent à trois dans une cellule déjà exigüe pour deux, avec un matelas glissé sous les lits superposés et que l’on déploie la nuit. Dans la fournaise de juillet, la coexistence tourne parfois au cauchemar.
Je ne sais si, comme le suggèrent les journaux, la situation des prisons est explosive. Personnel et détenus la percevraient plutôt comme dépressive. Il est certain qu’elle ne fait pas honneur à une société démocratique.