« Océane », film de Philippe Apietto et Nathalie Sauvegrain, raconte deux semaines partagées dans un camping en bordure des dunes du Médoc entre un chanteur rock quadragénaire et une jeune post-adolescente en crise. C’est un film à petit budget, dont le scénario est un peu faible. Mais les personnages atteignent une véritable profondeur et certains cadrages sont très réussis.
Oliboy (Olivier Clastre) recueille sur une aire d’autoroute une fille d’environ 18 ans, Océane (Lou Lesage) qui vient de se faire débarquer brutalement avec son bagage par son conducteur (un petit ami ?). Sa destination est le camping des Pins Secs à Naujac sur Mer, séparé de l’océan par la dune côtière. Il plante une tente pour Océane, à côté de sa propre petite caravane.
Oliboy gagne sa vie à la petite semaine en chantant sur la petite estrade du camping ou à la terrasse de restaurants. Son costume de scène de drag-queen et les paroles crues de ses chansons rock (« je t’encule »…) ne font pas l’unanimité. Mais il trouve au camping des Pins Secs, d’été en été, une vraie famille autour de Diana (Diana Laszlo), la propriétaire du bistrot, dont il est manifestement amoureux. Oliboy demande à Océane de l’aider pendant ses concerts à lancer la bande son.
Océane se demande qui est cet homme, qui a connu sa mère et pourrait bien être son père biologique. Elle vit un moment critique. Sa mère est en train de mourir. Océane s’est enfuie, déboussolée. Au Camping des Pins Secs, elle vivra un amour déçu, elle s’enracinera dans des amitiés solides et apprendra l’art de la scène.
Le scénario pèche par de nombreuses invraisemblances et de multiples chemins de traverse. Mais les personnages sont intéressants, portés par d’excellents acteurs. Comme le disent les réalisateurs, Océane est triste dans une période dure et Oliboy drôle dans un âge difficile.
J’ai trouvé personnellement un intérêt particulier à ce film. Il a été tourné dans un paysage que je connais bien, la « Côte d’Argent » qui s’étend sur des dizaines de kilomètres de Soulac au Cap Ferret, avec ses baigneurs et ses surfeurs. J’y mène une vie tranquille, dans une résidence secondaire, avec de longues promenades à bicyclette dans la pinède jusqu’à la plage. Le film d’Apietto et Sauvegrain me fait pénétrer dans la vie intime des campings, que je n’observe que de loin et pendant la journée : les nuits en discothèque, le petit déjeuner préparé sur un camping gaz, les retrouvailles des habitués d’une saison à l’autre, la difficulté des professionnels à joindre les deux bouts.
Océane est un film imparfait, mais que je ne regrette pas d’avoir vu.