Le sanctuaire Notre-Dame des Affligés à Verdelais, près de Langon en Gironde, est un lieu de pèlerinage depuis le douzième siècle.
Le sanctuaire est situé à quelques kilomètres de Malagar, le domaine de François Mauriac. L’écrivain s’y rendait à pied, le matin, par des chemins serpentant à travers les vignes, pour y entendre la messe. Il se compose d’une église transformée au cours des siècles mais dont la structure originale du douzième siècle est perceptible ; d’un chemin de croix construit au dix-neuvième siècle, dont l’aboutissement est un immense calvaire dressé au sommet d’une colline ; et de l’hôtellerie Géraud de Graves, du nom du croisé qui fonda le sanctuaire, qui propose aux pèlerins le gîte et le couvert.
Les pères maristes ont eu la charge du sanctuaire pendant un siècle et demi, de 1838 à 1990. Avant l’essor de Lourdes, le pèlerinage attirait des foules énormes. Verdelais, aujourd’hui animé par des marianistes, accueille toujours des pèlerins, mais en moindre nombre.
On vénère à Verdelais une très ancienne statue de la Vierge Marie. Comme le « petit Jésus » de Prague, la statue est parfois vêtue d’ornements somptueux offerts par des associations ou des corporations. Les murs intérieurs de l’église ont été assombris au fil des siècles par la suie des cierges allumés par les fidèles. Ce qui est remarquable, ce sont les innombrables ex-voto scellés qui y sont scellés. Certains sont elliptiques et ne mentionnent que « remerciement à la Vierge » et la date. D’autres sont plus explicites. Un pied est gravé en bas-relief sur un ex-voto en marbre. Le texte dit : « Vous me l’avez conservé, faites qu’il vous serve, 7 septembre 1871 ».
Dans une travée se trouve la chasse de Sainte Exupérance. François Mauriac écrit : « je pense à cette petite Sainte Exupérance dont l’effigie de cire m’a souvent fait rêver dans la sombre basilique de Verdelais, toute proche de ma maison. C’est une de ces saintes dont on ne sait rien que ce qu’en rapportent les épitaphes des catacombes : une enfant, une vierge, une martyre. Celle-ci appuie sa tête sur un coussin de soie où s’épandent ses boucles de petite fille. Elle porte à son cou gonflé de colombe, une mince blessure d’où s’égoutte le sang frais… »