Le Chœur Pizzicati a récemment donné l’œuvre magistrale de Carl Orff, Carmina Burana, dans le cadre exceptionnel de la Base sous-marine de Bordeaux.
Fondé en en 1977 dans la banlieue de Bordeaux, le Chœur Pizzicati est fort d’une cinquantaine de choristes, sous la direction d’Annie Moraud. Il avait choisi de donner la version simplifiée de Carmina Burana pour deux pianos, percussions, chœurs et solistes écrite par un disciple de Carl Orff et approuvée par lui.
Carmina Burana rassemble 24 cantates inspirées d’une compilation de poèmes réalisée entre 1225 et 1250 et éditée pour la première fois en 1847. Ecrits en latin, en ancien allemand et en ancien français, ces textes sont des hymnes religieux, des chansons d’amour, des contes satiriques ou des chansons à boire. S’y exprime la vitalité des « goliards », ces clercs inscrits dans les universités européennes mais qui préféraient souvent les fêtes débridées à l’étude, pour ne pas parler des exercices de piété.
Cette vitalité anime aussi l’œuvre de Carl Orff, en particulier le morceau qui l’ouvre et la clôt : O Fortuna ! Les percussions, en incluant les deux pianos, y jouent naturellement un rôle central.
Le concert avait lieu dans la Base sous-marine de Bordeaux, un énorme édifice en béton en bordure du bassin à flot, construit pendant la seconde guerre mondiale par la marine allemande pour avitailler sa flotte de sous-marins. Il y avait là un clin d’œil à l’histoire : Carmina Burana fut composé en 1934 – 1935, après la prise du pouvoir par les nazis qui l’intégrèrent dans leur propagande. L’ancien bunker a maintenant été transformé en centre culturel et abrite des expositions et des concerts. Cinquante ans après le Traité de l’Elysée, la musique vient à son tour célébrer l’amitié des peuples allemand et français.
Les Allemands ont fait un travail extraordinaire en quelques mois en construisant des bases pour leurs sous_marins dans les grands ports de l’Atlantique, notamment, Lorient, Saint- Nazaire, La Pallice et Bordeaux. Si l’Allemagne n’a pas gagné la bataille de l’Atlantique, elles ont résisté jusqu’au bout, celle de Lorient jusqu’au..10 mai 45. Ces édifices ont été jugés indestructibles. Il serait intéressant de savoir quel est leur usage actuel et de comparer.