Le dernier film de Roman Polanski, « la Vénus à la fourrure », est une comédie grinçante avec en arrière-plan la guerre des sexes.
Le film s’inspire d’une pièce écrite il y a trois ans par l’Américain David Ives. Celui-ci imagine qu’un metteur en scène, Thomas, adapte au théâtre le roman écrit en 1870 par Leopold Von Sacher-Masoch, la Vénus en fourrure, qui est à l’origine du mot « masochisme ».
Au terme d’une exténuante journée d’audition dans un théâtre de boulevard vide, Thomas (Mathieu Amalric), le metteur en scène, désespère de trouver l’actrice capable de jouer le personnage de Vanda. Les candidates se sont démontrées toutes plus niaises les unes que les autres. Or voici que débarque dans le théâtre une grande femme dégingandée d’allure vulgaire qui, à force de l’importuner, finit par obtenir de Thomas qu’il l’auditionne.
L’intruse (Emmanuelle Seigner) s’appelle – comme par hasard – Vanda. Elle prétendait avoir lu la pièce en diagonale et l’avoir cataloguée SM (sadomasochiste). Mais voici qu’elle connait le texte par cœur, et qu’elle l’interprète avec une sensibilité qui bouleverse Thomas.
Le roman parlait d’un homme qui, par amour, désirait devenir l’esclave de sa maîtresse et souffrir par elle. Thomas et Vanda jouent ces personnages, mais sont aussi eux-mêmes, le metteur en scène et l’actrice, engagés dans un rapport de fascination, de coopération et de domination dans lequel le pouvoir passe sans cesse de l’un à l’autre, violemment ou imperceptiblement.
On sort étourdi de ce huis-clos dans lequel on perd pied, où l’on ne sait plus bien ce qui est de Von Sacher-Masoch, de Ives ou de Polanski, qui est acteur, scénariste ou metteur en scène, ce qui relève de la séduction manipulatrice ou de l’authentique adoration.
« La Vénus à la fourrure » est un film mu par une puissante tension sexuelle qui accouche d’une magnifique œuvre d’art cinématographique.
Un film dont on se souvient. Admirablement joué par Emmanuelle Seigner. Mais pervers comme beaucoup de films de Polanski.