La chaîne de télévision Arte a récemment diffusé « à bout de souffle », film de Jean-Luc Godard (1960), avec dans les rôles principaux Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg.
Michel (Jean-Paul Belmondo) est un homme traqué. La police est à ses trousses en raison de ses méfaits dans le grand banditisme et parce que, dans sa fuite, il a abattu un gendarme. Il a besoin de quelques heures, ou de quelques jours, à Paris pour récupérer un magot qui lui permettra de fuir en Italie.
Il trouve refuge dans la chambre d’hôtel de Patricia (Jean Seberg), une jeune Américaine qu’il a rencontrée quelques semaines auparavant. Un fascinant face à face et corps à corps se met alors en place. Est-ce que je t’aime ? M’aimes-tu ? Comment puis-je en être sûr(e) ? Entre les murs, le temps est comme suspendu à la question existentielle de l’existence ou non d’un amour. Dehors, Michel affronte chaque minute avec l’apparente tranquillité d’un mafieux professionnel, entre appels téléphoniques, rendez-vous, vols de voitures et de portefeuilles.
Michel ne semble pas à bout de souffle. Pourtant, lorsqu’il récupère enfin l’argent qui lui permettra de fuir, il ne peut concevoir de partir sans Patricia. Les policiers l’abattent.
L’opposition du temps dilaté de la rencontre amoureuse et de la chronologie implacable de la chasse à l’homme impriment à ce film un tempo qui en fait une œuvre unique. Mais on est aussi saisi par l’intensité de l’affrontement entre deux acteurs exceptionnels : Jean-Paul Belmondo en truand endurci saisi par le doute, et Jean Seberg, en petite Américaine étrangère à Paris qui demande aux policiers le sens du dernier mot prononcé par son amant : « dégueulasse ».