Dans « Viva la Libertà », Roberto Andò nous offre une mémorable comédie burlesque sur la politique italienne avec, dans les deux rôles principaux, Toni Servillo.
Enrico Oliveri (Toni Servillo) est le dirigeant du principal parti d’opposition italien. A quelques semaines des élections, sa cote de popularité et celle de son parti sont au plus bas. Comme personne et comme organisation, ils n’accrochent plus avec la population. Ecœuré, il disparait et trouve refuge à Paris chez Danielle (Valeria Bruni Tedeschi), une femme qu’il a fréquentée il y a 25 ans.
Pour le parti, la volatilisation de son chef de file est une catastrophe. Le chef de cabinet d’Enrico, Andrea Bottini (Valerio Mastaendra) a l’idée de substituer Enrico par son frère jumeau Giovanni, qui vient de sortir d’un long séjour en hôpital psychiatrique. C’est un tout nouveau Oliveri qui se révèle. L’apparatchik usé est oublié. Le leader du parti parle maintenant de tourner le dos aux erreurs du passé, de parler un langage de vérité, de prendre comme boussole la conscience des gens. Il n’y a évidemment rien de concret ni de programmatique dans cela, mais le nouveau Oliveri est un tribun qui soulève les foules.
Tandis qu’à Rome la cote de popularité du politicien Oliveri écrase désormais celle de ses adversaires, Enrico se refait une santé en France au contact de choses simples : l’amitié de la fillette de Danielle, le tournage d’un film où celle-ci est script-girl, une belle femme qui l’invite à la piscine, et aussi la reviviscence de l’amour qu’il a vécu autrefois avec Danielle… en concurrence avec son frère Giovanni.
J’ai pleuré aux larmes en regardant ce film qui parle de choses graves, la déliquescence du monde politique italien après Berlusconi, mais qui le fait avec une légèreté rafraichissante. Le double jeu de Toni Servillo est tout simplement extraordinaire. Dans le rôle de Giovanni, on le sent à la frontière de la maladie mentale, mais son culot et son discours décalé sont en phase avec l’opinion. Dans celui d’Enrico, il déguste à petites gorgées la liberté que sa fugue de Rome lui octroie, pour quelques jours.
À noter l’excellent travail d’acteur de Valerio Mastaendra, dans le rôle d’un chef de cabinet terrorisé par la machine infernale qu’il a mise en marche en substituant Enrico par Giovanni, mais finalement gagné, lui aussi, par l’enthousiasme.
« Viva la Libertà » est l’un des très bons films à l’affiche en ce début 2014.
Voilà une chronique qui m’incite à aller le voir. Bravo