« Un week-end à Paris », film britannique réalisé par Roger Michell sur un scénario de Hanif Kureishi, évoque le sentiment de vertige qu’éprouve un couple marié depuis 30 ans lorsque l’arrivée de la retraite rend palpable le vieillissement et l’approche de la mort.
Nick Burrows (Tim Broadbent) invite sa femme Meg (Lindsay Duncan) à célébrer à Paris leurs trente ans de mariage. Ils ont tous deux une bonne soixantaine d’années, ils vivent à Birmingham, leurs enfants sont casés (ou presque). Nick a un projet : revitaliser la flamme de l’amour conjugal. Ses sentiments à l’égard de Meg sont mêlés : il l’aime sincèrement, mais il en est aussi dépendant, il vit psychologiquement à son crochet. Meg a un autre projet : tourner la page pendant qu’il en est encore temps, réinventer sa vie, et pour cela quitter Nick et vivre seule. Et puis faire de cette rupture un moment inoubliable de champagne et de palace.
Le film se présente d’abord comme une promenade dans un Paris rêvé, à la manière de Woody Allen dans « Minuit à Paris ». Dans leurs disputes et réconciliations, Nick et Meg pratiquent un délicieux humour britannique. Parfois, on sent des craquements, par exemple lorsque Nick révèle à sa femme qu’il a été mis à la retraite d’office de son poste d’enseignant, ou lorsqu’il tente de lui faire avouer une relation adultère.
La tonalité du film change lorsque Nick et Meg rencontrent Morgan (Jeff Goldblum), un ancien ami de Nick de sa période comme étudiant à Cambridge. Au cours d’une soirée donnée par Morgan, le voile tombe. Morgan est un romancier à succès, il est riche, il a quitté sa femme américaine et épousé une toute jeune femme à Paris. Nick prend la parole et, par contraste, explique qu’il a raté sa vie : il a été chassé de son travail, il n’a jamais écrit de livre, il est ruiné et la femme qui l’aime se prépare à le quitter.
Nick est au fond du trou. De sa vie rien ne reste sur pied. Mais n’est-ce pas ce dont rêvait Meg : repartir de zéro ?
« Un week-end à Paris » est un excellent film, servi par des acteurs remarquables et un scénario qui fait rire et émeut dans un même mouvement.