« De toutes nos forces », film de Nils Tavernier, montre une famille dont l’élément fort est un garçon handicapé qui, fêtant ses dix-huit ans, entend prendre les rênes de sa vie.
Julien (Fabien Héraut) souffre du handicap qui le voue au fauteuil roulant. Mais il souffre davantage encore de l’absence de son père Paul (Jacques Gamblin). Paul était autrefois un athlète de haut niveau. Il ne s’est jamais remis du traumatisme d’avoir un garçon physiquement diminué. Le couple qu’il forme avec sa femme Claire (Alexandra Lamy) est au bord de la rupture : elle lui reproche sa fuite permanente du domicile familial, son évitement de son rôle de père, la situation où elle se trouve de devoir assumer toute seule la charge du foyer. La mise au chômage de Paul n’arrange pas les choses. Il devient encore plus ombrageux et irritable.
Julien va avoir dix-huit ans. Il ne supporte plus l’enfer de la vie en famille, il entend prendre sa vie en mains. Il a un projet fou : participer avec son père au Triathlon Ironman de Nice qui rassemble 2.700 athlètes qui doivent parcourir 3,8km à la nage, 180km à vélo puis un Marathon. Julien a une volonté de fer. Ni les réticences de son père à faire équipe avec lui après tant d’années d’incommunication, ni la peur de sa mère que ce gamin fragile se fasse mal, ni le rejet de la candidature par le comité d’organisation de la course ne l’arrêtent. Il a décidé d’aller jusqu’au bout.
« De toutes nos forces » surfe la mode des films positivant le handicap, dont « Intouchables » reste la meilleure réussite. Il n’évite pas le mélodrame. Il suit le schéma classique du héros qui surmonte les obstacles et finit par triompher dans un happy end sans tâche. Pourtant, j’aime ce film, car le héros, celui qui met en mouvement les autres et triomphe est un jeune homme handicapé ; car le casting est parfait, du handicapé lui-même (Fabien Héraut, lumineux) aux comédiens magnifiques que sont Jacques Gamblin et Alexandra Lamy ; enfin, car il est bon parfois de se laisser entraîner par un film profondément optimiste.