Dans « Pas son genre », le réalisateur Lucas Belvaux réalise un film magnifique sur un amour contrarié par une barrière de classes et de culture.
Intellectuel parisien jusqu’au bout des ongles, Clément (Loïc Corbery) subit comme une catastrophe sa nomination comme professeur de philosophie à Arras. Pour tromper sa solitude, et aussi parce qu’il devine qu’elle n’est pas une femme quelconque, il drague une jeune coiffeuse, Jennifer (Emilie Dequenne).
Jennifer est en effet tout sauf quelconque. Bien qu’élevant seule son garçon, elle est heureuse dans la vie. Elle aime son métier, qui lui a permis de relooker et de changer la vie de jeunes filles qui ne se plaisaient pas. Elle adore les facéties de son fils. Elle chante au karaoké avec ses copines. Elle aime les films de Jennifer Ariston.
Clément est subjugué par cette jeune femme attirante. Jennifer tombe amoureuse de ce prince charmant. Sexuellement, ils forment un couple passionnel. Leur relation s’épanouit aussi hors du lit : Clément fait découvrir à Jennifer ses lectures préférées, Jennifer entraîne Clément dans sa boîte de nuit préférée.
Mais Clément cache à Jennifer qu’il est l’auteur d’un livre : sans doute ne la juge-t-elle pas à la hauteur. Il refuse de l’emmener avec lui à Paris. Pendant le carnaval, il omet de la présenter à sa collègue professeure de philosophie… Jennifer rêvait de faire avec Clément un couple. Elle a l’impression d’être instrumentalisée, tout juste bonne à baiser. Clément est vraiment amoureux de la jeune femme et ne réalise pas combien son attitude est fondamentalement méprisante. Comment est-il possible, dit Jennifer, qu’un homme qui sait tellement de choses ne sache plus rien lorsqu’il s’agit de sentiments ?
« Pas son genre » est un film magnifique. Emilie Dequenne est lumineuse dans l’enthousiasme comme dans le désespoir. Loïc Corbery joue son rôle tout en nuances. Bravo !