Au nom du principe « œil pour œil », un juge saoudien vient de demander à deux hôpitaux s’ils accepteraient de sectionner la moelle épinière d’un homme accusé d’avoir rendu paraplégique un homme qu’il avait blessé.
The Guardian du 19 août mentionne une dépêche d’Associated Press : « un juge saoudien a demandé à plusieurs hôpitaux s’ils pourraient endommager la moelle épinière d’un homme après qu’il eut été condamné pour avoir attaqué un autre homme avec un couteau de boucher et l’avoir rendu paralysé. C’est ce qu’ont rapporté des journaux hier. L’Arabie Saoudite applique la Charia strictement, et il lui arrive de décider de punitions fondées sur l’ancien code de « l’œil pour œil dent pour dent ».
Abdul Aziz Al Matari, 22 ans, qui était resté paralysé à la suite d’une agression, demanda au juge d’appliquer à son attaquant, selon la Charia, une punition équivalente. Le journal Okaz dit qu’un juge de la province de Tabuk, dans le nord-ouest du pays, a demandé à au moins deux hôpitaux une opinion médicale sur la question de savoir s’il serait possible de rendre la moelle épinière inopérante. L’article indique que le principal hôpital de Riyad, l’hôpital spécialisé Roi Faysal, ne procèderait pas à l’opération. Il cite une lettre de l’hôpital disant « qu’il n’est pas possible d’infliger un tel dommage », fondant apparemment son refus sur des raisons éthiques. »
Les religions se prêtent à des interprétations légalistes. Pour nombre de fanatiques, Dieu est un Juge tout puissant qui fait appliquer un code rigide et inspire la terreur. Mais la compassion (l’un des piliers de l’Islam sous le nom d’aumône) fait aussi partie du patrimoine génétique des religions. Nombre de croyants prient un Dieu qui est esprit, énergie et amour. Fanatiques et prophètes peuvent-ils coexister ? Ou bien faut-il maintenant chercher des vérités multiples, sans la sécurité des dogmes, hors des religions ?
Illustration: Yves Tanguy, indefinite divisibility, Bullaflo Museum