Le sénateur Charles Pasqua a été condamné à trois ans de prison dont un an ferme et cent mille euros d’amende à l’issue du procès de l’Angolagate. Il a dénoncé « l’inanité » de cette condamnation. Mais que diable a-t-il voulu dire par là ?
« Inanité » vient du latin « inanis », vide. L’inanité est le caractère de ce qui est vide de sens, inutile, vain. Les synonymes sont frivolité, fumée, futilité, inutilité, légèreté, néant, rien, vanité, vide. Les antonymes sont efficacité et importance.
Le Larousse offre deux définitions : le caractère de ce qui est vide, sans contenu réel, ne présente aucun intérêt pour le cœur ou pour l’esprit (inanité d’une conversation mondaine) ; c’est aussi le caractère de ce qui est vain, inutile, voué à l’échec (inanité d’un effort).
Il est probable que Charles Pasqua avait les deux sens en tête lorsqu’il a parlé de l’inanité de sa condamnation. D’une part, les faits dont il est accusé lui semblaient peut-être futiles et indignes d’intérêt : avoir reçu une copieuse somme d’argent issue d’un trafic d’armes en contrepartie de son intervention auprès du président de la République pour faire décorer un ami de l’Ordre du Mérite. Il ne les nie pas. Il considère qu’ils sont vides de sens. Les débats au prétoire n’avaient pas plus d’intérêt qu’une conversation de salon.
Il pensait sans doute aussi que les efforts du tribunal seraient vains, et que ses menaces d’impliquer d’autres personnalités politiques finiraient par porter leurs fruits et lui valoir, en appel, la relaxe.
Les citoyens ordinaires ne voient aucune inanité dans le procès de l’Angolagate. Il a été conduit sérieusement malgré les pressions. Il a conduit à punir des agissements que certains hommes politiques avaient l’habitude de considérer routiniers mais qui minent la bonne gouvernance, en Europe comme en Afrique.